L’insécurité grandissante et les troubles généralisés commencent à paralyser le système éducatif du pays. Depuis l’Europe, l’association Échanges Bretagne Haïti organise tant bien que mal la solidarité avec « la perle des Caraïbes ». Elle a lancé un nouvel appel aux dons pour reconstruire une école et refaire le toit d’une cantine. Voici le troisième volet de notre dossier consacré à Haïti.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), les actes de violence armée contre les écoles en Haïti se sont multipliés par 9 en un an. Dans son rapport publié le 9 février, il comptabilise qu’au cours des quatre premiers mois de l’année scolaire 2022-2023, c’est-à-dire d’octobre à février, 72 écoles auraient été prises pour cible, contre huit durant la même période l’année dernière. Le bilan comprend au moins 13 écoles ciblées par des groupes armés, une école incendiée, un élève tué et au moins deux membres du personnel enlevés.
Au cours des six premiers jours du mois de février, 30 écoles ont été fermées en raison de la montée de la violence dans les zones urbaines, tandis que plus d’une école sur quatre est restée fermée depuis octobre 2022. L’ONU estime à un million le nombre d’enfants déscolarisés en raison des troubles sociaux, de l’insécurité, du coût élevé de l’enseignement et de la mauvaise qualité des services.

Côté diplomatie française, la représentante à l’ONU Nathalie Estival-Broadhurst a, le 24 janvier dernier, déclaré que « l’objectif doit être de soutenir avec plus d’efficacité la police nationale haïtienne qui est en première ligne » et qu’ « il est impératif de reconstruire la justice en Haïti ». Si sur ces plans, la France « se tient prête à faire davantage », elle a surtout assuré qu’elle « restera engagée pour faciliter l’aide humanitaire, en particulier sur les plans sanitaire et alimentaire. »
L’association Échange Bretagne Haïti recherche 10 000 € de dons
En Bretagne, l’aide humanitaire est organisée principalement par l’association Échange Bretagne Haïti, basée à Locqueltas, dans le pays de Vannes (56). Comme nous l’annoncions dans nos colonnes, elle a tenu samedi 4 février son assemblée générale, en présence du maire Michel Guernevé et de représentants des Prêtres de saint Jacques, une société de missionnaires basée dans le Trégor et très impliquée en Haïti. Nous avons posé 3 questions à Alain Eveno, président de l’association.
Le Peuple breton : Avec quels acteurs en Bretagne organisez-vous la solidarité avec Haïti ?
Alain Eveno : Nous travaillons principalement avec la société des Prêtres de saint Jacques dont le siège social est situé à Guiclan, près de Landivisiau. Ils sont présents en Haïti et ce sont nos référents dans le pays. Sur place, ils suivent nos actions, ce qui permet une totale traçabilité de nos actions et investissements. Avec eux, nous avons par exemple construit deux écoles, deux cantines et trois captages d’eau pour environ 30 000 habitants. Pour ces réalisations, avons perçu des aides du Département du Morbihan, du syndicat public Eau du Morbihan, d’entreprises locales et du fonds de dotation SAUR Solidarités.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez aujourd’hui avec cette crise qui dure ?
A. Eveno : Haïti traverse une crise sans précédent. Actuellement, notre difficulté est de ne pas pouvoir nous rendre sur place, pour des raisons de sécurité. Cela nous empêche de rencontrer les bénéficiaires des actions et de faire le point sur leur fonctionnement. Malgré tout, nous continuons d’échanger avec nos référents dans le pays, et nous pouvons mettre en place de nouveaux projets. Nous travaillons en ce moment à la reconstruction d’une école et au changement de la toiture sur la première cantine que nous avions construite en 2011, au village de Lory près de Cap-Haïtien.
Alors aujourd’hui pour les Haïtiens, de quelles aides avez-vous besoin de la part des Bretonnes et des Bretons ?
A. Eveno : L’acheminement des conteneurs est actuellement très difficile ; notre dernier envoi est toujours en douane depuis le mois de décembre. Nous optons donc pour des aides financières : nous recherchons activement un financement de 10 000 € pour lancer nos projets de réfection de l’école et de la cantine. Toutes nos actions sont contrôlables sur notre site internet et un reçu fiscal est expédié à chaque donateur pour pouvoir bénéficier de la réduction d’impôt de 60 %.
Information pratique : les dons sont à faire par chèque, à adresser par la Poste à : Échanges Bretagne Haïti, Lann Trédec, 56390 Locqueltas. Site internet : echangesbretagnehaiti.fr
Pour connaître les autres associations bretonnes actives en Haïti : consultez le site internet du réseau Bretagne solidaire.