Après ce deuxième jour de grève très mobilisateur pour défendre notre système de retraite, le numéro de février du Peuple breton Magazine en fait son dossier du mois : la rédaction revient sur la méthode néolibérale d’Emmanuel Macron et ses conséquences pour la grande majorité d’entre nous. Au sommaire également, la place des femmes dans la musique bretonne, la situation des minorités en Serbie, la catastrophe humanitaire qui se profile en Haïti, l’aide aux réfugiés et la dépendance des centrales nucléaires à l’eau, une ressource en voie de raréfaction.
Le gouvernement frise le règlement de compte
« La sécurité sociale, la retraite, le chômage ne sont pas administrés par l’État mais autogérés », rappelle Gael Briand dans son éditorial. Dès lors, Emmanuel Macron est-il légitime pour les remettre en question ? Le déficit de la retraite commencerait l’année prochaine : 15 à 20 milliards d’euros par an selon le Conseil d’orientation des retraites… qui prévoit aussi un retour à l’équilibre d’ici 15 à 20 ans. Notons que le budget de l’État fonctionne très bien, lui, avec son déficit annuel de près de 160 milliards cette année, selon la Loi de finances 2023.
Ce déficit ne serait-il pas provoqué par les baisses d’impôts d’Emmanuel Macron depuis 2014 ? Suppression de l’impôt sur la fortune, baisse de l’impôt sur les sociétés, diminution de plusieurs impôts de production ou sur les revenus du capital… Il s’agit de choix politiques, idéologiques. Et la rhétorique du Gouvernement est grossière : « notre système de retraite est structurellement en déficit », « il y a plus de retraités que d’actifs », « il faut travailler plus parce qu’on vit plus longtemps »… De plateaux télé en dossiers de la rédaction, ces arguments sont balayés. Notre système social est une chance pour tout le monde ; le président s’attaque à ce qu’il considère être un handicap. Pourquoi ?
« La retraite par répartition, c’est de l’argent prélevé sur les salaires des salariés d’aujourd’hui versé aux retraités d’aujourd’hui […] sans risque, et presque sans coût, tous les mois. »
Gilles Raveaud, économiste
Dans ce numéro de février, il faut commencer par la chronique politique de Yann Fiévet. En bon observateur, avec son style littéraire et mordicant, il plante le décor autour d’une question somme toute simple : « Jupiter est-il vraiment sain d’esprit ? » Deux doubles-pages à suivre : l’une de l’économiste Gilles Raveaud – qui signe aussi le hors-série de Charlie Hebdo intitulé « Retraite, le casse du siècle » – et l’autre de notre rédacteur en chef Gael Briand.
Ils nous rappellent les causes et conséquences de cette réforme injuste. Ils ramènent aussi sur la table les alternatives connues. Car les solutions existent pour assurer l’équilibre de notre système de répartition, voire pour améliorer sa solidarité. Hélas, sans un mouvement social d’ampleur, cette réforme va une nouvelle fois fragiliser et paupériser les plus modestes.
En Bretagne, nous sommes particulièrement concerné·e·s par les faibles revenus, les carrières démarrées jeunes, les parcours hachés, le travail invisibles des femmes de marin ou, comme le rappelle la Confédération paysanne, celui des agricultrices… Lisez à propos l’article de Denise Maréchal : sa recension de l’ouvrage Le couple et l’argent, pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes ? (de Titiou Lecoq, L’Iconoclaste, 2022) se termine ainsi : « […] les retraites des femmes sont donc largement moindres que celles des hommes : en moyenne 1 145 € contre 1 924 € ». Quand on aime, on ne compte pas. Vraiment ?
La scène musicale bretonne ne laisse que peu de place… aux Bretonnes
L’égalité femme-homme, c’est aussi le thème choisi par notre invitée du mois, la musicienne professionnel Nolwenn Bernard. « Sur les scènes de festoù-noz, où sont les femmes ? », demande-t-elle en donnant un nouvel exemple : au fest-noz de Quimper le 31 janvier, il y avait 1 300 danseuses et danseurs, six heures de musique… et seulement trois femmes sur scène, chanteuses uniquement. À partir de statistiques, notamment celles de Tamm Kreiz, de témoignages recueillis et de sa connaissance des milieux musicaux en Bretagne, l’artiste met en évidence le déséquilibre. Et propose des solutions (lire aussi : « Femmes et musique bretonne : une équation encore déséquilibrée »).
L’actualité en Serbie et à Haïti
En pages internationales, la doctorante Yéléna Topalov décrypte la situation des 23 minorités nationales en Serbie ; une double-page étonnante. Vous serez alors prêt pour vous abonner au Courrier des Balkans ; cela fera plaisir à son rédacteur en chef Jean-Arnault Dérens, qui est aussi correspondant du Peuple breton dans la région.
À Haïti, la situation est catastrophique : l’universitaire Bleck Dieuseul Desroses nous explique l’origine de l’instabilité dans le pays, la situation géopolitique à l’œuvre et décrit la vie sur place, où la faim menace 40 % de la population. L’occasion de vous inviter à Locqueltas (56) samedi 4 février pour soutenir l’association Échange Bretagne Haïti.
La vie de réfugié en Bretagne, celle de sauveteur en Méditerranée
De la Somalie à Pontivy, c’est la route prise par Liban Doualé. Alors que le projet Horizons de Callac est abandonné, Le Peuple breton nous raconte l’histoire de ce jeune demandeur d’asile et ses péripéties – parfois ubuesques – pour s’intégrer en centre-Bretagne.
La route vers l’Europe est dangereuse, particulièrement la traversée de la Méditerranée. Dans une longue interview, le marin du Cap-Sizun Guillaume Hallier raconte son expérience à bord de l’Ocean Viking : marin-sauveteur pour SOS Méditerranée, il s’est formé pour hisser et prendre en charge les rescapé-e-s jusqu’à leur accueil dans un port sûr (à lire aussi : notre dossier de janvier 2022 sur l’immigration et le sauvetage en mer Méditerranée).
Les articles en breton de Pobl Vreizh
Actualité internationale toujours, mais en breton : retour sur la manifestation en Angleterre pour le droit de camper dans le Dartmoor et un article sur le mouvement rasta, le reggae et l’éthiopianisme qui fait de l’Éthiopie une Terre promise pour les Noirs de Jamaïque, des Caraïbes ou des États-Unis. Retrouvez également une interview de la journaliste Tunvezh Gloaguen-Grandjean, qui quitte la belle aventure de Radio Kerne, ainsi que l’actualité littéraire et notamment la présentation du dernier numéro de notre partenaire, la revue Al Lanv.

En français, retrouvez 4 pages d’actualité littéraire et musicale, avec notamment une interview du groupe Poppy Seeds. La page histoire revient sur l’impact en Bretagne de la grève de l’usine du Joint français en 1972. L’histoire, c’est aussi celle des femmes et des hommes de Bretagne : 3 pages rendent hommage à Michel François et Fañch Péru, deux piliers du mouvement breton disparus en janvier.
Les centrales nucléaires souffriraient-elles de la sécheresse ?
Au sommaire également, l’actualité politique et sociale en Bretagne et dans les assemblées, et un article pointant la fragilité et l’impact des centrales nucléaires en cas de sécheresse : à l’occasion de la parution par le réseau Sortir du nucléaire d’une brochure gratuite intitulée Le nucléaire met notre eau en danger, ce numéro de février rappelle que chaque source d’énergie a ses failles et que pour le nucléaire, c’est l’eau !
