À la Une de ce numéro d’avril, les « ethnorégionalistes ». Connaissez-vous Benjamin Morel ? Il est docteur en sciences politiques et maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas. Depuis la parution en février de La France en miettes. Régionalismes, l’autre séparatisme (Les éditions du Cerf), il bénéficie d’une présence démesurée sur les plateaux de télévision et dans les studios de radios parisiens. Dans son ouvrage, il s’évertue contre ce qu’il appelle les « ethnorégionalistes »… L’occasion était trop belle : le Peuple breton décortique avec vous le schéma de pensée d’un jacobin classique. À la une également, la réforme de la retraite et le projet de loi sur l’immigration. Ah… Paris, Paris.
Élisabeth Borne a donc décidé de ne pas soumettre la réforme des retraites au vote de l’Assemblée nationale et de recourir à l’article 49.3 de la Constitution. C’était le 16 mars et depuis la contestation ne faiblit pas. En Bretagne, où l’électorat a voté pourtant assez largement pour Emmanuel Macron, le sentiment d’injustice a fini de gagner même les plus modérés. Point d’actualité et une chronique de l’économiste Yann Fiévet intitulée ce mois-ci : « Le forcené de l’Élysée ».
Dans les cartons du Gouvernement, il y a aussi une nouvelle loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ». Le but est de restreindre encore les droits des personnes de nationalité étrangère. Le projet n’offre aucune perspective pour favoriser leur accès au séjour, à l’exception d’une immigration par le travail, régulée par le besoin de main d’œuvre et révocable à merci. Les troubles liés à la réforme des retraites ont poussé Borne à repousser l’examen de la loi, mais le projet demeure… Le Peuple breton donne la parole au mouvement des Amoureux au ban public.
Retraites, immigration, écologie, SNU, régionalisation… Une actualité politique chargée

En page 2, l’invité du mois est Sébastien Marie (photo ci-contre), maire UDB de Plounéour-Ménez, dans le Léon. Puisque les changements à l’échelle internationale voire française se font attendre, comment une commune peut-elle engager elle-même ses propres changements ? Il revient pour Le Peuple breton sur la toute nouvelle charte environnementale écrite avec les habitants et qui guide désormais chacune des décisions de Plounéour-Ménez.
Au sommaire également, le Service national universel (SNU). Créé en 2019, c’est l’un des projets phares du président de la République. Largement inspiré du service militaire, il consiste pour les 16-25 ans qui le souhaitent en un séjour de plusieurs semaines dans un centre encadré par des personnes issues de l’armée, de l’Éducation nationale et de l’éducation populaire. La Nantaise Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse, en est le fer de lance. Et ça pique. Face au faible nombre d’inscriptions, le gouvernement envisage l’expérimentation d’un SNU obligatoire dans cinq départements français dès janvier 2024. Le Finistère en fait partie…
Dans une tribune, le conseiller régional de Bretagne Christian Guyonvarc’h s’intéresse à la révision de la Constitution que le président Macron souhaite déposer devant le parlement à l’automne. Il y sera question, pour la première fois, de régionaliser une partie du pouvoir réglementaire, voire législatif, en métropole. Mais il appartient au peuple breton et à ses élus de se mobiliser s’ils ne veulent pas que ce projet ne bénéficie qu’à la seule Corse.
Quatre pages d’informations en breton
En breton, Paol ar Meur nous rapporte les travaux de la chercheuse Béatrice von Hirschhausen sur les frontières qui ont disparu mais qui ont laissé des traces sur les populations ayant vécu sous plusieurs entités politiques différentes.
Pobl Vreizh vous propose aussi une interview de l’élue lannionnaise Trefina Kerrain, pour faire le point sur les projets de la communauté d’agglomération Lannion-Trégor et sur les tensions au sein de l’assemblée, entre politique à l’ancienne et volonté d’anticiper les crises à venir.
À propos de crises à venir, la « maladaptation » au réchauffement climatique est un danger qui guette toutes les communes. Sur l’île de Groix, les pouvoirs publics ont installé une usine de dessalement de l’eau de mer pour répondre à la problématique de l’eau et aux besoins des touristes.

Enfin, avant l’actualité littéraire brittophone, retour sur la rencontre organisée à Morlaix le 18 mars dernier autour d’écrivains et d’écrivaines de langue bretonne. L’occasion d’échanger sur leurs inspirations et leurs projets. Une association ou un groupe informel serait-il sur le point d’être créé ?
La Révolution française dans la politique d’aujourd’hui
Ce numéro d’avril fait la part belle à l’histoire. La Révolution française tout d’abord. Un usage ancien en France est de lier les idées politiques que l’on défend aujourd’hui à une vision sélective et biaisée de la Révolution d’hier. Il faut pourtant sortir du mythe car, si l’usage n’est pas nouveau, il s’accentue.
Le féminisme ensuite. Dans les années 1970, la Bretagne connaît de profondes mutations économiques et sociales. Mais les femmes peinent à être audibles malgré leur présence importante dans les luttes ouvrières, politiques et écologistes. Dans son article, Marine Gilis revient sur le Mouvement des femmes qui trouve alors une dynamique forte en Bretagne, avec des actions spécifiques aux réalités locales, qui les distinguent parfois des mots d’ordre parisiens.
Le Gwenn-ha-du a 100 ans ! Mikael Bodlore-Penlaez revient sur l’histoire du drapeau breton tout au long de ce siècle et resitue le contexte de sa création. Il a été dessiné pour devenir le drapeau de tous les Bretons, et son succès depuis ne se dément pas.
International. La situation au Kurdistan et les conséquences en Finlande de la guerre russo-ukrainienne

En pages internationales, le magazine fait le point sur la situation au Kurdistan après le tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février. Plus de 50 000 morts en quelques heures, des centaines de milliers de blessés : les conséquences seront durables pour plus de vingt millions de personnes. Les Amitiés kurdes de Bretagne ont envoyé une délégation à Adiyaman.
En Finlande, après des décennies à faire preuve de neutralité dans sa politique étrangère entre la Russie et l’Occident, l’invasion de l’Ukraine a changé les choses, allant jusqu’à une demande formelle d’adhésion à l’Otan. Cette évolution met à l’épreuve la politique des minorités de la Finlande, car certaines d’entre elles, comme les « Vieux Russes » ou les Caréliens, ont des liens étroits avec la Russie et sont directement affectées par les aléas de la guerre russo-ukrainienne. Un article passionnant de Feliks Ričel.

Côté cinéma, la rédaction conseille deux nouvelles productions
Dans leur documentaire « Et en plus ils dansent ! » (Tita B Productions), Kenan an Habask et Thierry Salvert abordent un sujet presque tabou : celui de l’homosexualité dans le monde des cercles celtiques, un monde souvent perçu comme conservateur mais finalement très inclusif. Quatre figures témoignent de leur envie d’être eux-mêmes.
Autre documentaire, « L’Homme à l’écharpe blanche », réalisé par Philippe Guilloux en hommage à Jean-Yves Cozan, homme politique de droite qui fit de la Bretagne le combat d’une vie. Ces deux films sont à voir en avril au cinéma avant leur diffusion télé visée en mai sur France 3 Bretagne ou Tébéo.
Et pour poursuivre vos envies de curiosité, 4 pages sur l’actualité littéraire francophone et sur les dernières sorties musicales. Bonne lecture !
