De la téléconsultation en milieu rural…

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La téléconsultation pour pallier le manque de médecin (© Ceibos – CC BY-SA 4.0)

Il y a quelques années, pour pallier le manque de médecins dans les zones rurales, le gouvernement a sorti de son chapeau un remède miracle qui devait « améliorer l’organisation du système de santé et l’accès au soin pour tous les assurés sur tout le territoire » (source : site Ameli). Lydie Massard, porte-parole de l’Union démocratique bretonne, témoigne de la situation à Pontivy.

BILLET D’HUMEUR. Aujourd’hui, à Pontivy où je réside, si vous êtes malade un matin et que vous ne pouvez vous rendre à votre travail, vous téléphonez à votre médecin et le secrétariat vous explique gentiment que votre médecin est débordé et qu’il ne vous recevra pas avant la semaine prochaine.

Un exemple de la médecine à deux vitesses

Reste une seule option : la téléconsultation. Et croyez bien que l’on s’en passerait ! Vous vous retrouvez dans une cabine dans un centre commercial (non ce n’est pas une blague), devant un écran. Le médecin qui vous consulte ne vous connaît pas, ne connaît pas vos antécédents médicaux, vous ne le connaissez pas, il ne connaît pas plus votre emploi et les contraintes qui y sont liées. Et ne vous avisez pas d’être impressionnée, pas à l’aise avec les écrans, ou à avoir des difficultés d’expression, les entretiens doivent être très rapides et se limitent à une description des symptômes. Voilà donc un bel exemple de ce que l’on appelle la médecine à deux vitesses

La fin des arrêts de travail ?

Non content de nous imposer cela, voilà que le gouvernement vient de décider qu’il y a des abus et que les arrêts de travail pourraient ne plus être remboursés. Le docteur Jean-Paul Hamon, président d’honneur de la fédération des médecins de France, déclare donc le plus naturellement du monde en parlant des téléconsultations, « quand vous pouvez choisir votre consultation comme vous voulez, qu’elle est remboursée à la fin de votre consultation, vous n’obtenez pas d’arrêt de travail, eh bien vous prenez rendez-vous avec un nouveau médecin. Et jusqu’à ce que vous obteniez un arrêt de travail. »

Dans le même style, Gabriel Attal, ministre délégué aux comptes publics, décontenancé face à cette « explosion des arrêts maladies », veut éviter « les dérives » en déremboursant purement et simplement ces arrêts de travail. Eh bien, moi je crois que si je pouvais choisir, Messieurs, j’irais voir mon médecin, en bonne et due forme, pour obtenir une vraie consultation, un vrai diagnostic, une vraie ordonnance.

« Plutôt que de s’attaquer aux soi-disant dérives des patients, le gouvernement ferait bien de s’attaquer à ses propres dérives, celles qu’il a lui-même mises en place et favorisées. » – Lydie Massard

Comment a-t-on pu laisser la situation de la santé publique se dégrader au point que les habitants des zones rurales doivent se rendre dans un centre commercial pour une consultation bâclée ? Comment se fait-il que dans ma commune, il soit devenu quasi impossible de trouver un dentiste ou même un médecin traitant quand on s’installe ? Comment a-t-on pu laisser et abandonner des pans entiers du territoire au point que certains habitants sont devenus des citoyens de seconde zone, ne bénéficiant même plus de soins minimaux et de qualité ?

> Lydie Massard

Rédactrice. Cuisinière de profession, Lydie Massard vit à Pontivy. Son militantisme associatif et son engagement en politique l'ont amené à prendre des responsabilités : elle est devenue porte-parole de l'Union démocratique bretonne (UDB) en 2015 et est depuis 2022 la co-porte-parole de la fédération Régions et peuples solidaires (R&Ps). [Cliquez ici] pour retrouvez son portrait par la rédaction. [Lire ses articles]