Retardée par la fourniture par la France le premier jour des auditions prévues à Truro de documents qu’il a fallu traduire, puis par l’épidémie de covid et l’entrée en vigueur du Brexit, l’audience de préinquest a enfin eu lieu le 12 mars.
Un nouvel avocat a été nommé par les familles. La délocalisation à Londres du procès qui avait démarré à Truro et qui avait rencontré de la part des autorités britanniques des pressions pour orienter l’enquête rappelle la délocalisation de l’enquête sur la Jonque de Quimper à Nantes avec suspicion. Difficile au stade actuel de dire si cette délocalisation sera propre à établir de façon solide la vérité ou si, comme cela a été le cas en France pour La Jonque, à clore les procédures sans que les doutes soient le moins du monde levés.
Le Peuple Breton a constamment, depuis le naufrage du Bugaled Breizh, cherché à mettre en parallèle les naufrages de chalutiers qui pourraient être imputables à des sous-marins. On pourra se reporter à notre article paru : ce n’est en effet pas du tout du domaine du fait divers et la mise en regard des péripéties liées aux opérations de sauvetage, de recherche et aux enquêtes elles mêmes est bien lourde d’interrogations.
Le nouvel avocat mandaté par les familles a demandé communication d’un certain nombre de documents. Et ici intervient un élément nouveau qui vient s’ajouter aux ressemblances relevées dans l’article mentionné ci-dessus. Voici à gauche un extrait de l’interview de l’avocat Gaspard de Monclain par Pascal Bodéré de Télégramme et à droite le document enregistré du CROSS Etel au cours des opérations de sauvetage sur La Jonque…
17 h. le Cross Etel annonce : « Point positif », l’avion vient d’apercevoir un dinghy avec 2 survivants à bord qui font signe. Il y a beaucoup de débris sur l’eau et ils aperçoivent une coque sous l’eau. Veuillez me donner la couleur du bateau.
– Bleu et blanc.
– Ça confirme. On envoie un Bréguet Atlantic pour larguer un canot de survie ».
A 17 h 30, nouvelle information : « Sans doute fatigués, ils n’ont pas pu rattraper le radeau de survie. Nous leur envoyons un hélicoptère peur les hélitreuiller, veuillez rappeler ».
A 18 h. rappel au Cross Etel. L’ officier de quart a changé, ce qui se produira désormais chaque heure. « C’est une méprise. Ils se sent trompés ».
Sur cette information qui marque, en effet, un revirement complet en l’espace d’une heure, Yvon Quéroué porte ce jugement :
« Information vraie démentie dans la soirée ».
D’autres faits corroborent ce retournement de la situation.
Ainsi, Léon Guichaoua, patron du guilviniste Lieu an Arnzer, était en pêche à 15 h 45.
L’Inquest doit reprendre au mois d’octobre. Le Peuple breton continuera de suivre cela, en espérant que la version des gouvernements soit établie comme juste, sans contestation possible, mais avec la crainte largement justifiée que le secret d’État soit matière à conclusion et clôture des recherches. Et aussi tout le respect que nous inspire la volonté des familles d’établir la vérité : mais les éléments à charge sont tellement nombreux et encore une fois, tellement parlants quand on les met en regard les uns des autres…