Qu’est-ce que la grenade GLI F4 ?

 

La presse nationale et régionale titre ces jours-ci sur les violences policières et la Justice qui s’en mêle. Il s’agit de savoir si les LBD (lanceurs de balles de défense) ont été utilisés de façon légitime ou illégitime pendant les mouvements des Gilets Jaunes. Mais le LBD n’est pas le seul sujet de controverse.

Au sujet des LBD, Le Canard Enchaîné a révélé que la réglementation internationale contraint la France à classer comme des « armes de guerre » ces lanceurs qu’elle achète. Toutefois, le but de cet article n’est pas d’ approfondir le problème des LBD mais de parler d’un autre projectile utilisé par les forces de l’ordre : la grenade « GLI F4 », grenade lacrymogène instantanée à effet de souffle.

L’ACAT, ONG contre la Torture dont un rapport sur les violences policières avait eu un fort retentissement médiatique nous dit, selon les informations communiquées par le ministère de l’Intérieur à la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, que 1428 tirs de grenades GLI-F4 ont été effectués entre le 17 novembre 2018 et le 4 février 2019.

L’ACAT précise aussi que « ces grenades sont à l’origine de nombreux blessés graves depuis leur mise en service. Au cours du seul mouvement dit des Gilets jaunes depuis novembre 2018, cinq personnes auraient eu la main arrachée par ce type de grenade. C’est plus que le nombre de victimes recensées par l’ACAT entre 2009 et mai 2018. »

La fiche technique dit que la grenade lacrymogène instantanée GLI F4 (ou SAE 810) est lacrymogène, assourdissante et à effet de souffle et qu’elle contient une charge explosive de 26 grammes de TNT (trinitrotoluène) ainsi que de 4 grammes d’hexocire (mélange d’hexogène et de cire). Sans entrer dans des détails chimiques trop techniques, l’hexogène entre dans la composition du fameux Femtex, inventé en 1966 en Tchécoslovaquie et utilisé par la suite par de nombreux groupes armés (IRA, ETA etc.)

Il faut savoir aussi que la GLI F4 est un projectile militaire utilisée par les forces de l’ordre françaises depuis 2011. La France est le seul pays européen à l’utiliser pour le maintien de l’ordre!

En décembre 2018, suite aux graves blessures dans les rangs des Gilets Jaunes, un collectif d’avocats est intervenu auprès d’Emmanuel Macron pour tenter de faire interdire cette grenade. Sans aucun succès… Et pourtant les dégâts de la GLI F4 ne sont pas nouveaux : une main arrachée en 2013 chez un manifestant des Bonnets Rouges, plusieurs blessés à Bure en août 2017 et aussi une main arrachée à Notre-Dame des Landes en mai 2018.

Où en est-on du dossier GLI F4 ? L’ACAT écrit ceci : « Le 13 avril dernier, le Conseil d’État a été saisi d’un recours pour excès de pouvoir, assorti d’un référé suspension, par un groupe de 5 avocats, au nom des victimes qu’ils représentent, en vue d’obtenir l’interdiction des grenades GLI-F4. L’ACAT a produit une intervention volontaire pour soutenir cette demande. »

En effet, c’est parce que le courrier au Président était resté sans réponse, que les avocats ont lancé en avril la deuxième étape de la procédure, donc le recours devant le conseil d’État.

Les avocats argumentent dans un communiqués que ces grenades « sont qualifiées par le code de la sécurité intérieure comme des armes à feu appartenant au matériel de guerre. Le ministre de l’Intérieur a lui-même affirmé, le 5 juillet 2016, que la grenade GLI-F4 devait à l’avenir être remplacée par une autre munition ne contenant aucune matière explosive. Ce qui est une façon évidente d’acter leur très grande dangerosité »

Et que vient de répondre le Conseil d’État ? « Saisi en référé par deux associations (la LDH et l’ACAT), le Conseil d’État, nous dit la presse, a refusé ce 17 mai d’interdire la grenade GLI-F4 pour le maintien de l’ordre ».

Une réponse qui n’étonnera pas grand monde… Affaire à suivre.

> Christian Pierre

Né en 1949, Christian PIERRE est membre de l'UDB depuis 1977. Très engagé pour la Bretagne, il est très investi aussi dans les Droits de l'Homme, comme à l'ACAT (ONG chrétienne de lutte pour l'abolition de la torture et contre la peine de mort) dont il est animateur du Groupe Quimper-Cornouaille. Il milite enfin pour les droits du peuple palestinien.