Plaidoyer pour l’hôpital public !


Tous ceux qui suivent l’actualité dans la presse finistérienne n’ont pas pu passer à côté de l’action, ou plutôt devrait-on dire des actions de la section UDB Ouest-Cornouaille pour la défense du SMUR de Douarnenez…

Il faut dire que le démantèlement des services de santé, ce n’est pas une nouveauté en Bretagne. Concarneau a perdu ses urgences de nuit au profit de Quimper, et parfois le SMUR est absent la nuit dans cette même ville de Concarneau. Paimpol, qui avait perdu sa maternité en 2003, se bat actuellement pour son service d’urgence. Carhaix n’avait réussi à sauver sa maternité qu’au bout de luttes intenses de 17 semaines en 2008. Guingamp se bat pour sauver la sienne, et le sursis de 2 ans accordé n’est dû qu’au « fait du prince » suite à une visite du président Macron… faisant là une entorse à son aveu repris récemment par Le Peuple breton, au sujet de la santé, « nous avons un avantage : notre jacobinisme ».

Toutes ces suppressions de service, ce n’est pas une nouveauté en Bretagne, mais cela n’arrive pas qu’en Bretagne. Dans une interview de Paul Molac à Médiapart, suite à la création du nouveau groupe de députés « Liberté et territoire », article titré « Le pouvoir verrouille tout », on lit ceci : « le positionnement de Libertés et territoires […] sert surtout à porter, selon sa déclaration officielle, un « attachement aux territoires et à la défense de leur identité ainsi que la lutte contre les fractures territoriales, pour être une sorte de relais des voix contestataires qui n’ont cessé de croître au sein des différentes couches des élus locaux depuis l’élection d’Emmanuel Macron. » Et l’exemple choisi pour l’illustrer est que « le dernier événement en date de cette fronde est qu’une soixantaine d’élus de l’Indre ont démissionné, déposant leur écharpe bleu-blanc-rouge devant la préfecture, pour protester contre la fermeture programmée d’une maternité avant la mi-octobre. »

La maternité en question est celle de Le Blanc, commune de l’Indre sur les bords de la Creuse, à 60km de Châteauroux. Et c’est à Châteauroux que les futures mères devront aller pour accoucher. Pour quelles raisons fermer ce service ? Parce que d’après la ministre de la santé, cette maternité est dangereuse ! Il se trouve que l’auteur de ces lignes connaît cette maternité et n’a jamais entendu dire qu’elle était dangereuse. Le seul problème est qu’il n’y a plus comme ailleurs assez de personnel, et le danger sera d’accoucher sur la route entre Le Blanc et Châteauroux !

La Nouvelle République nous dit que « le combat pour la maternité est loin d’être fini. « On est traités avec beaucoup de mépris, constate Jean-Paul Chanteguet, conseiller municipal « chargé de communication d’Annick Gombert [Maire du Blanc] ». Mais je continue à penser que notre combat est juste et aboutira à la reprise des accouchements au Blanc. ».

Ces propos nous ramènent en Bretagne car ils ne sont pas sans rappeler le combat des Carhaisiens. Et le meilleur hommage qu’on puisse rendre à l’hôpital de Carhaix lui est rendu par Irène Frachon, qui, pour rappel, a été la première a avoir établi un lien direct entre la mort de nombreux patients et la prise du Mediator et qui s’est battue contre les laboratoires Servier. Depuis 2008, l’Hôpital de Carhaix est en partenariat avec le CHRU de Brest, et depuis 2009, le Dr Irène Frachon y intervient en pneumologie une fois tous les 15 jours, en binôme avec Christophe Leroyer, le patron de la pneumologie de l’hôpital de la Cavale-Blanche. En juillet, Ouest-France nous apprenait que « bientôt, ce sera deux jours et demi par semaine. Les besoins de la population sont énormes. Et les délais d’attente, de plusieurs mois…[…] En novembre, un jeune pneumologue va être embauché comme assistant partagé. ».

A la question du journal « C’est ce jeune médecin qui ira à Carhaix ? », le Docteur Frachon répond : « Pas du tout ! Il me remplacera à l’hôpital de la Cavale-Blanche. C’est moi qui irai consulter à Carhaix, deux jours et demi par semaine. Une présence plus pérenne, plus continue. » Et elle ajoute : « En 2009, mes débuts à Carhaix ont été perturbés par Mediator. Une époque où j’étais sans arrêt dérangée. J’ai été soutenue par les Carhaisiens. » Cela va être au tour de Carhaix de lui dire merci !

> Christian Pierre

Né en 1949, Christian PIERRE est membre de l'UDB depuis 1977. Très engagé pour la Bretagne, il est très investi aussi dans les Droits de l'Homme, comme à l'ACAT (ONG chrétienne de lutte pour l'abolition de la torture et contre la peine de mort) dont il est animateur du Groupe Quimper-Cornouaille. Il milite enfin pour les droits du peuple palestinien.