Cela fait déjà un moment que Le Peuple breton suit de rebondissements en rebondissements les manœuvres pour le renouvellement du glyphosate. En mars, nous vous expliquions que d’après l’ECPA, la molécule du Roundup était exonérée de risques cancérigènes. L’ECPA étant constituée entre autres du « Big Six » : Monsanto, Bayer, Dow, Sygenta, DuPont et BASF. Ceci explique cela… En octobre, nous vous racontions comment la Commission européenne avait perdu en voulant imposer un renouvellement de 10 ans. Retour de bâton pour les militants : ce sera 5 ans.
Après de nombreux rebondissements, le Parlement européen est passé en force ce lundi 27 novembre et a fini par trancher : ce sera finalement 5 ans, au grand dam de la France et de Nicolas Hulot, qui ne pouvant obtenir une interdiction, avaient opté pour 3 ans. Il y avait jusque-là blocage sur les 5 ans, jusqu’au revirement de dernière minute de la Pologne, puis surtout de l’Allemagne qui a décidé de voter oui !
Déni de démocratie, quand on sait qu’une pétition au caractère parfaitement légal a obtenu en Europe 1,3 millions de signatures pour l’interdiction ! Alors aussi qu’un sondage dans plusieurs pays de l’Union avait donné 80 % de sondés pour cette interdiction.
Le vote a été finalement obtenu par 18 États représentant 65,7 % de la population de l’UE alors que la « majorité qualifiée » nécessaire est de… 65 %. Cela s’est joué à peu de chose ! Que l’Allemagne (sans gouvernement), qui jusque-là s’abstenait, vote cette fois pour le renouvellement au moment où la firme allemande Bayer est en train d’acheter Monsanto (la firme qui a la licence du Roundup), n’étonnera que les mauvais esprits bien sûr. Autre question : le Royaume Uni a voté pour le renouvellement du glyphosate et donc apporté sa pierre au renouvellement de l’autorisation pour 5 ans ! Cela ne serait pas plus choquant que le vote d’un autre État membre s’il n’y avait eu le Brexit ! D’ici 5 ans, les britanniques ne seront plus membres de l’Union : la décence aurait voulu qu’ils s’abstiennent… De son côté, Monsanto vient de se dire déçu d’une autorisation pour seulement 5 ans, et Bayer vient de protester à son tour. Étonnant non ?
À Berlin, le quotidien Die Welt nous apprend que tout ne se passe pas tout seul car « le vote allemand a ouvert une crise grave entre le ministre de l’agriculture conservateur bavarois Christian Schmidt (CSU), et la ministre social-démocrate de l’environnement, Barbara Hendricks (SPD). Et continue : « Il avait été clairement établi que l’Allemagne, lors de la réunion du comité d’appel, devait s’abstenir », a déclaré Mme Hendricks, qui a précisé avoir téléphoné, deux heures avant la réunion, à son collègue chargé de l’agriculture, pour lui dire qu’elle était elle-même « opposée au renouvellement de la licence du glyphosate ». Lors d’un précédent vote, le 9 novembre, l’Allemagne s’était abstenue. Ce jour-là, la proposition de la Commission européenne n’avait pas réussi à atteindre la majorité qualifiée nécessaire. »
En France, Emmanuel Macron a probablement suivi son ministre Nicolas Hulot puisqu’il a décidé d’aller à l’encontre du vote européen en interdisant le glyphosate dans 3 ans. Sachant qu’il est déjà interdit dans les espaces publics depuis le 1er janvier 2017 et le sera totalement pour les particuliers au 1er janvier 2019. Reste donc l’agriculture. Le syndicat majoritaire proteste déjà vigoureusement en indiquant que 3 ans, c’est trop court pour trouver des solutions de remplacement. on parle de cancers et de pollutions, la FNSEA répond production, export et concurrence… Nouveau bras de fer en perspective ?