Connaissez-vous l’ECHA ? C’est l’acronyme anglais de l’Agence Européenne des Produits Chimiques. Et l’ECPA ? C’est l’Association Européenne des Producteurs de Pesticides. L’ECHA – dont on serait en droit d’espérer qu’en tant qu’organisme officiel elle est indépendante – vient de publier en date du 16 mars, un rapport exonérant le glyphosate de risques cancérigènes. Ou du moins disant qu’on ne peut rien prouver…
Où est le principe de précaution ? La Commission européenne attendait ce rapport (elle a 6 mois pour statuer) pour renouveler ou non la licence d’utilisation du glyphosate dans l’Union Européenne. Pour l’ECPA, c’est « la science qui l’a emporté » ! Pas étonnant quand on sait que l’ECPA est constitué entre autres du « Big Six » : Monsanto, Bayer, Dow, Sygenta, DuPont et BASF dont Le Peuple breton vous a déjà parlé dans un autre article. Ils se frottent tous les mains, et plus particulièrement Monsanto qui commercialise le Roundup !
En décidant de ne pas classer le glyphosate parmi les agents cancérigènes, l’ECHA prend le contre-pied de l’Organisation mondiale de la santé. Quand on sait que l’OMS a classé le glyphosate comme « probable » cancérogène, même sans certitude absolue, on est en devoir comme dit plus haut d’appliquer le principe de précaution, non ?
La question qu’on peut – qu’on doit même – se poser est la suivante : « l’ECHA est-elle indépendante quand elle rend ces conclusions ? » On peut fortement en douter. Un dossier du « Monde » du 7 mars approfondit le sujet : « Nous sommes préoccupés par le fait que plusieurs membres, ainsi que le président du comité d’évaluation des risques de l’ECHA apparaissent avoir des conflits d’intérêts », écrivent les signataires, parmi lesquels Greenpeace, Testbiotech […]. Les associations pointent en particulier deux scientifiques du groupe d’experts, employés par des « institutions scientifiques qui génèrent des revenus par le biais de conseils en évaluation du risque fournis à l’industrie chimique ». « Le cas de l’un des experts est particulièrement problématique, car cette personne défendait des dossiers d’industriels devant l’ECHA » […] Quant au président du comité, il a « travaillé pour deux sociétés comme consultant pour l’industrie chimique pendant plus de vingt ans et ses contrats se sont interrompus le 31 août 2012, la veille du jour où il a pris son poste de président du comité d’évaluation des risques de l’ECHA. »
Il est difficile après ça de croire à l’indépendance de l’agence européenne…