Fin octobre, Le Peuple breton vous parlait d’une nouvelle molécule insecticide, que la multinationale Dow a mis sur le marché : le sulfoxaflor. La firme avait réussi à faire classer le sulfoxaflor comme un pesticide différent des néonicotinoïdes, malgré les grandes similitudes dans leurs propriétés biochimiques ! Deux insecticides contenant du sulfoxaflor viennent pourtant d’être suspendus.
Dans son premier article, Le Peuple breton expliquait que ce sulfoxaflor, ce pesticide tueur d’abeilles, venait d’être autorisé en France alors même qu’elle avait décidé d’interdire les néonicotinoïdes à partir de 2018. Une étude alarmante venait tout juste d’être publiée démontrant que les pesticides – et en particulier les néonicotinoïdes – seraient responsables de la disparition de 80 % des insectes en Europe en moins de trente ans.
Mais une bonne nouvelle vient de tomber ! Et comme les bonnes nouvelles environnementales ne sont pas légion, il ne faut pas passer à côté. Le mieux est de laisser la parole à « Générations futures » à l’origine de l’action en justice : « Hier matin notre avocat, Maître Lafforgue [ndlr : celui de Générations futures], nous représentait dans le cadre de l’audience au tribunal administratif de Nice suite à notre recours en référé suspension pour les autorisations de mise sur le marché des insecticides néonicotinoïdes Closer et Transform contenant du sulfoxaflor. Face à lui, pas moins de deux avocats pour la firme Dow Chemical, deux de ses représentants ainsi que trois représentants de l’ANSES. Le magistrat vient de rendre son délibéré et demande la suspension des deux insecticides visés dans l’attente du jugement sur le fond du dossier. Dow et l’ANSES ont 15 jours pour faire appel de ce jugement devant le Conseil d’État.
Les deux pesticides visés, le Transform et le Closer, servent à traiter contre les pucerons les grandes cultures, les fruits et légumes grâce à une substance active, le sulfoxaflor, que le fabricant recommande d’épandre à raison d’une seule dose par an, et pas moins de cinq jours avant la floraison. Dans sa plaidoirie notre avocat a très justement pointé du doigt – outre les dangers que font courir aux pollinisateurs ces insecticides – les faiblesses de la mise en application de cette recommandation de traitement à ne pas réaliser moins de 5 jours avant floraison. Comment évaluer de manière précise cette date de floraison des cultures visées ? De plus, quel sens aurait la mise en marché de pesticides à base de nouveaux néonicotinoïdes alors qu’une loi de 2016 prévoit l’interdiction de pesticides à base de néonicotinoïdes ? »
Bien sûr, la victoire n’est que provisoire, mais en maintenant la pression, pourquoi ne deviendrait-elle pas définitive ? Affaire à suivre…