Environnement. Deux pas en avant, trois pas en arrière !

L’Europe d’un côté, la France de l’autre, semblent jouer avec les bonnes nouvelles et les mauvaises en ce qui concerne les lois et décrets sur l’interdiction ou l’autorisation de molécules nocives à notre santé.

Le premier pas date de l’an dernier : en juillet 2016, Le Peuple breton se réjouissait de l’adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages », tout en précisant néanmoins que ce projet n’était pas suffisant pour la survie des abeilles. La loi définitive était, disait-on, en retrait sur le projet initial qui prévoyait l’interdiction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles dès 2018 voir 2017. Ces molécules sont bien interdites à partir du 1er septembre 2018, mais avec des dérogations jusqu’au 1er juillet 2020. À la mi-octobre, Le Peuple breton titrait sur le Parlement européen qui venait de rejeter à la majorité absolue un texte de la Commission européenne qui autorisait l’emploi d’un certain nombre de pesticides connus comme perturbateurs endocriniens. Voilà pour les deux pas en avant.

Au moment où l’on pouvait commencer à se réjouir, nouvelle douche froide pour les abeilles si on peut dire. Tout le monde connaît les firmes Bayer et Monsanto, BASF sans doute aussi, mais sûrement moins Dow. Cette firme fait pourtant partie de ces six sociétés transnationales (Monsanto, Dow, Dupont, Syngenta, Bayer et BASF) qui détiennent 63 % du marché mondial des semences et 75 % du marché agrochimique. Dow vient donc de sortir une nouvelle molécule, le sulfoxaflor. La firme a réussi à faire classer le sulfoxaflor comme un pesticide différent des néonicotinoïdes. Le 1er problème est que Dow a réussi à dissimuler les grandes similitudes dans leurs propriétés biochimiques. Le 2ème problème est que ce sont les compagnies productrices de pesticides elles-mêmes qui décident à quelle catégorie un pesticide appartient. Résultat, ce sulfoxaflor, ce pesticide tueur d’abeilles, vient d’être autorisé en France !

Il s’agit là d’un coup de force alors même que la France a décidé d’interdire comme dit plus haut les néonicotinoïdes à partir de 2018 et qu’une étude alarmante vient tout juste d’être publiée démontrant que les pesticides – et en particulier les néonicotinoïdes – seraient responsables de la disparition de 80 % des insectes en Europe en moins de trente ans.

Le ministre de l’Environnement, Nicolas Hulot, est pourtant en mesure de peser de tout son poids pour mettre son veto contre cette manœuvre des lobbys en incluant le sulfoxaflor dans le décret d’application de la loi interdisant les néonicotinoïdes.

Le 2ème pas en arrière, c’est le risque de voir l’Union européenne autoriser de nouveau le glyphosate. Pour l’instant, celle-ci n’a pas réussi à trouver de majorité et a reporté le vote à priori au 6 novembre. Le Peuple breton ne manquera pas de revenir sur le sujet.

Enfin, le 3ème pas en arrière, c’est celui de la Chambre d’Instruction de la Cour d’appel de Paris qui vient de prononcer un non-lieu dans l’affaire Thierry Morfoisse, transporteur d’algues vertes décédé pendant son travail. « La preuve du lien de causalité entre son exposition à ce gaz [H2S] et son décès ne peut pas être rapportée ». Certes, mais la preuve qu’il n’y a pas de lien n’a pas été apportée non plus ! L’odeur des algues en décomposition n’a pas du arriver jusqu’aux juges parisiens. Un cheval… deux chiens… des sangliers… Thierry Morfoisse… un joggeur… La liste est elle close ? Le retour en force des algues vertes ces jours-ci avec la noria de remorques entre les plages du Pays de Fouesnant (notre photo) et l’usine de traitement des algues n’incite pas à l’optimisme.

> Christian Pierre

Né en 1949, Christian PIERRE est membre de l'UDB depuis 1977. Très engagé pour la Bretagne, il est très investi aussi dans les Droits de l'Homme, comme à l'ACAT (ONG chrétienne de lutte pour l'abolition de la torture et contre la peine de mort) dont il est animateur du Groupe Quimper-Cornouaille. Il milite enfin pour les droits du peuple palestinien.