Grand Paris Express : le coût prévisionnel explose

Dans son supplément Économie et Entreprises, Le Monde du 16 septembre rend compte d’une nouvelle évaluation du coût prévisionnel de ce volet du Grand Paris publiée par la Mobilettre de la Société du Grand Paris (SGP). Évalué à 22 milliards d’€ en 2010, ce coût est désormais évalué à 35 milliards (+59 %) !

Ce dérapage aurait plusieurs éléments d’explication dont : la sous-estimation initiale du coût des travaux lourds engagés à des profondeurs de plusieurs dizaines à une centaine de mètres, l’accroissement des moyens de forage pour respecter des impératifs de mise en service avant les Jeux Olympiques de 2024, etc.

Une autre explication est donnée à mi-voix par la Mobilettre de la SGP : « Du tracé des lignes à l’implantation des gares, le rapport coût/efficacité n’a pas primé », ce que le journaliste [ndlr : Philippe Bacqué] traduit en clair par « la Société du Grand Paris a accepté assez systématiquement les demandes des élus, ce qui, à terme, a fait déraper les dépenses ».

On s’en doutait un peu, mais l’aveu est fait, et il est de taille. assorti d’observations critiques sur le contrôle trop dilué et quasi-inexistant de l’État sur le financement réel du projet.

Ainsi, à côté des collectivités « provinciales » dont le budget est comprimé et chaque année un peu plus sous-doté, ce qui limite leur capacité d’investissement et de maintien des services au public, il existe des collectivités privilégiées qui, même heureuses bénéficiaires de projets pharaoniques, peuvent alourdir l’addition à leur profit en manifestant leurs propres exigences.

Le gouvernement Ayrault avait, à ses débuts, chipoté sur le coût des travaux mais, victime d’une bronca francilienne aux relents méprisants, avait finalement donné son feu vert. Et sa ministre « de l’égalité des territoires », Cécile Duflot, avait géré le dossier sans état d’âme en faisant mine de viser plus d’égalité… à l’intérieur de l’Île-de-France.

C’est ça la France et l’égalité des territoires et de leurs habitants.

Il est vrai que les belles âmes ont à s’occuper de dossiers infiniment plus minces, mais autour desquels elles font beaucoup plus de bruit.

> Michel FRANCOIS

Michel François habite Saint-Herblain où il fut élu municipal de 2004 à 2012. Pilier de l'UDB en Loire-Atlantique, il écrit régulièrement sur son blog: http://stervlan-mf.over-blog.com/