Déjà sept ans que le groupe Ímar écume les scènes mondiales. Mohsen Amini (concertina) et ses camarades Tomás Callister (fiddle), Adam Rhodes (bouzouki), Ryan Murphy (flûtes et uilleann pipes) et Adam Brown (bodhrán, guitare) sont parvenus à un succès des plus rapides dans le monde de la musique celtique. Présentation de leur 3ᵉ album, sorti le 21 avril.
Un groupe basé à Glasgow, dont les membres se connaissent depuis l’adolescence puisqu’ils se sont rencontrés grâce au réseau de musique traditionnelle irlandaise Comhaltas Ceoltóirí Éireann qui organise le célèbre concours Fleadh Cheoil*. Des musiciens qui jouent dans une multitude d’autres formations : Talisk, Mànran, Rura, Barrule, Cara ou Mabon.
Venus de différentes contrées de la vaste Celtie puisqu’ils comptent en leur sein un Scotto-iranien, un Irlandais, deux Mannois et un Anglais installé en Écosse. Ce dynamique groupe coche toutes les cases, rassemblant un habile mélange d’influences d’Écosse, d’Irlande et de l’île de Man, avec une énergie et une précision à couper le souffle. Un groupe au dynamisme et à l’alchimie intense, dont le succès mondial n’est plus à démontrer.
Après deux albums en 2017 (lire Le Peuple breton n° 641) et 2018 (lire Le Peuple breton n° 681), ils viennent enfin de publier leur troisième album, Awakening, « un réveil » au bout de cinq ans qui ne passe pas inaperçu. Il faut dire qu’entre-temps, ils ont remporté plusieurs prix dont celui de la BBC Radio 2, le prix Horizon du meilleur groupe émergent. Dans le même temps, le concertiniste « déjanté » Mohsen Amini était désigné musicien de l’année 2018. Et comme si cela ne suffisait pas à leur bonheur, ils ont également accumulé neuf titres All-Ireland, huit titres All-Britain, ainsi que divers autres prix. Excusez du peu !
Sur leurs deux premiers albums, ils avaient commencé à composer plusieurs de leurs titres. Avec celui-ci, ils ont encore augmenté le nombre de morceaux originaux puisque sur les 10 titres du disque, ils signent 19 airs sur les 24 que compte l’album, le reste étant des traditionnels irlandais et mannois.
La superbe jaquette de l’album, signée par l’illustrateur breton Bruno Cavellec, représente le chef viking Ímar qui régna sur l’Irlande et l’Écosse au 9ᵉ siècle, qui a donné son nom au groupe, et dont les descendants ont régné sur la mer d’Irlande pendant plusieurs siècles.

Comme à l’accoutumée, le quintet déborde d’énergie et dès le début de l’album, une guitare endiablée soutenue par un bodhrán exalté, eux-mêmes rapidement rejoints par un fiddle frénétique, ouvrent les hostilités sur un set, « Bangers », qui dure pas moins de cinq minutes. Tout au long de cet opus, la cadence est infernale et le tempo ralentit à peine de loin en loin comme sur « Waterhorse », composé par Tomás Callister, ou « Imagine A World », qui adopte un rythme plus chaloupé qui donne aux musiciens le temps de respirer, le fiddle ouvrant la voie à une émotion palpable.
Mais rapidement la puissance musicale qui caractérise le groupe retrouve ses droits sur une majorité de titres, que ce soit « Splinter O’Neill », « The Stinger » qui démarre sur le traditionnel irlandais « Paddy Kelly’s », le set de reels « Neachtain’s Wing » qui débute par le standard « Maids of Michelstown » d’une rapidité presque effrayante, « Legal Tønder », siège d’un célèbre festival où le groupe a l’habitude de se produire, ou le morceau final « Tree of Life », fidèle au jeu du groupe, extravagance de plus où les cinq musiciens sont sur le pont, navigant à vive allure sur cet opus exaltant de bout en bout.
Awakening montre cette fois encore qu’Ímar est de retour en force, nous proposant une musique encore plus imaginative et aventureuse que sur leurs deux précédents albums. Incontestablement, Ímar joue sa musique avec une passion et une frénésie qui font merveille. Et tous ceux qui écouteront cet excellent album en sortiront sûrement essoufflés, pour ne pas dire échevelés. Un album décoiffant et impétueux.

Awakening
Big Mann Records BMANN005
17 € sur imarband.com
* Fleadh Cheoil, littéralement « festival de musique » en gaélique irlandais, est une compétition en plusieurs étapes : des sélections régionales d’abord, qui mènent ensuite au All-Ireland Fleadh organisé chaque été dans une ville différente.