La députée européenne Clara Ponsatí (Junts per Catalunya, centriste) n’était pas revenue en Catalogne depuis son exil en 2017. L’économiste, ancienne ministre de l’Éducation dans le gouvernement de Carles Puigdemont, est actuellement exilée en Écosse pour éviter la répression espagnole contre les indépendantistes catalans. Elle relance de manière soudaine ce printemps la confrontation avec les autorités judiciaires espagnoles en ayant franchi la frontière le 28 mars et en donnant une conférence de presse en plein Barcelone.
La conséquence immédiate de ce défi ouvert à la justice espagnole est triple. D’une part, elle réactive à plusieurs niveaux – catalan, espagnol, européen – la question politique catalane, et d’autre part, elle insuffle un brin d’énergie à une opinion indépendantiste désabusée, ou tout le moins assoupie, par les divisions entre partis souverainistes – ERC, Junts per Catalunya, la CUP –, divisions qui font le jeu et le bonheur de Madrid et en particulier du parti socialiste qui se vante d’avoir enterré le « processus d’indépendance » catalan.
Enfin, l’action déterminée de Ponsatí met en pleine lumière les agissements peu démocratiques de la justice et de l’État espagnol qui ne respectent pas la légalité européenne en bafouant délibérément l’immunité parlementaire d’une élue du Parlement européen.
La députée européenne détenue illégalement pendant 4h
Après sa conférence de presse dans laquelle elle a dénoncé la répression espagnole, Clara Ponsatí, alors qu’elle déambulait dans les rues de Barcelone, a été arrêtée par un agent de la police catalane – autre sujet de polémique – au motif qu’un mandat d’arrêt contre elle était toujours en vigueur. Le policier n’a pas fait cas de son immunité de députée européenne et a indiqué obéir à une requête du juge.
Clara Ponsatí, accompagnée de son avocat Gonzalo Boye, s’est vue signifiée sa convocation devant le juge Pablo Llarena à Madrid le 24 avril pour répondre du délit de désobéissance pour avoir organisé le référendum d’indépendance. Au terme de 4 heures de détention dans les locaux de la police judiciaire, elle a été remise en liberté. En France, peu de politiques ont réagi, si ce n’est la fédération des partis de Régions et peuples solidaires (RPS).
Clara Ponsatí est retournée ensuite en avion à Bruxelles où elle devait participer le lendemain à la session en cours du Parlement européen. Lors de la séance, l’eurodéputée a dénoncé l’inaction de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola devant l’atteinte à son immunité. Celle-ci s’est contentée de transmettre sa demande à la commission des affaires juridiques du Parlement.
Rendez-vous devant le juge espagnol le 24 avril ?
Clara Ponsatí a clairement indiqué lors de ses passages à Barcelone qu’elle ne comptait pas se rendre à la convocation du juge espagnol le 24 avril, ce qui pourrait à nouveau lui valoir d’être détenue. Une nouvelle arrestation de la députée reposerait immédiatement la question du respect de son immunité parlementaire. De cette manière, les exilés catalans cherchent à internationaliser la cause catalane et à faire réagir les institutions européennes jusqu’ici bien peu favorables à la défense des indépendantistes.