En Finistère Sud, le collectif Very Bad Mother remet le couvert avec un festival militant qui s’annonce passionnant : « Kozh! », du 29 avril au 7 mai, pour analyser et déconstruire l’âgisme, cette discrimination voire cette violence exercée par la société dès qu’on a passé l’âge… Un événement à ne pas manquer !
Kozh signifie « vieille / vieux » en breton. L’âgisme ? Un mot pour désigner les discriminations en lien avec l’âge, les oppressions qui, dans notre société, frappent les femmes de plein fouet. Crèmes liftantes, appels au botox, standards de beauté vingtenaires, représentativité zéro au cinéma, clichés sur la ménopause… difficile de passer le cap de la cinquantaine, voire avant, sans plonger dans un tourbillon d’angoisses créées de toutes pièces par la société patriarcale.
On n’arrête plus le collectif Very Bad Mother
C’est à cette problématique qu’ont décidé de s’intéresser les Very Bad Mother. Les organisatrices du festival éponyme ont une expérience de ce type d’événements de longue date en sud Cornouaille (« Bois mes règles », « Clito’rik »). Et comme d’habitude, elles n’ont pas fait les choses à moitié.
Après le carton de l’événement « Very Bad Mother » en 2021, Lou et ses acolytes ont concocté un menu aux petits oignons les 29 avril et 6 et 7 mai à Concarneau et Trégunc : conférences, ateliers, groupes d’échanges, sport, expositions, émissions de radio, soirées, concerts. Deux week-ends pour parler, écouter, apprendre, réfléchir, avancer, déconstruire et construire.

« Imaginer ces temps où on s’amuse tout en s’affranchissant des codes qu’on nous impose, c’est une manière de soigner nos névroses, affirme Lou Millour. À l’époque de Very Bad Mother, on était préoccupées par la parentalité. Là, clairement, j’ai senti qu’il était temps de parler rides, cheveux blancs et angoisses du miroir ».
Des inquiétudes donc, mais aussi de l’agacement, voire de la colère. « Dans les films, les femmes sont invisibilisées à partir de 50 ans. Il y a en moyenne 20 ans d’écart entre les hommes et les femmes dans les couples au cinéma. Nous sommes habitués à ces images ».
Politique et festif, un festival comme on les aime !
Pour préparer un festival, il faut en définir les lignes politiques à aborder et trouver les bonnes personnes. Car, pour les Very Bad, « l’intime est éminemment politique : ces questions concernent tout le monde et on voudrait que la société entière s’en occupe. Arrêter de faire comme si ça n’existait pas ».
Des chercheuses seront là pour accompagner la réflexion : Françoise Le Borgne Uguen, Simone Pennec Cécile Cahrlans, Françoise Vergez… « parce qu’on ne vieillit pas de la même manière si on est patron ou ouvrier ».
Une grande importance est donnée au local, car la politique ne se fait pas qu’à Paris : « il y a un vrai pôle d’excellence sur le vieillissement en socio à Brest et ces femmes ont énormément à nous apporter ». Le festival est dédié à Maryvonne Conan, « une féministe et écologiste incroyable ».
Un programme familial et tout public
La question de la transmission sera également abordée et celle de la mémoire avec des ateliers sur le passage de flambeau, de relais entre les féminismes de différentes générations. Mais aussi des hommages à des femmes qui ne doivent pas sombrer dans l’oubli avec une table ronde sur les bistrotières de Bretagne : saviez-vous que 80 % des cafés étaient tenus par des femmes ?
Des rencontres seront aussi organisées avec de très jeunes militants. « Iels aussi souffrent de discriminations. À l’image de Greta Thunberg, on ne les prend pas au sérieux. Pourtant, leur engagement est réel ».
Les soirées participeront de ce vaste mouvement pour se décomplexer ensemble. « S’amuser, rire, danser n’empêche pas la réflexion sérieuse. Bien au contraire ».
Et aussi… Expositions, village de stands et d’artisanat féministe, stands sur la place des femmes dans la culture, minifestival et garde d’enfants avec La Bulle. Avec la participation de figures du féminisme comme Sylvia Federeci, Charlotte Bienaimé, Corinne Masiero…
Information pratique et programme complet
Plusieurs lieux selon le jour et le programme choisi : le 29 avril à la brasserie Tri Martolod (ZA du Colguen à Concarneau), le 4 mai au Cinéville de Concarneau, les 6 et 7 mai à la MJC Le Sterenn (rue Jacques-Prévert à Trégunc). Avec de la lange bretonne et de la langue des signes française dedans. Amenez vos gobelets et vos plaids. Cantine vegan. Chiens refusés sauf chiens d’aveugles. Prix libre (mais vu le programme, la rédaction vous invite à ne pas être radin). Plus d’info sur facebook.com/verybadmother