« Bresk ! », temps fort dédié aux langues minorées et à la traduction, organisé par l’association Rhizomes et ses partenaires, revient cette année pour sa 2e édition les vendredi 24 et samedi 25 mars à Douarnenez. Demandez le programme !
Bresk est un joli mot breton pour dire fragile. Fragile comme les langues, celles dominées que l’on entend et qu’on lit trop peu. Comme le travail de traduction aussi, avec des traductrices et traducteurs souvent dans l’ombre, qui portent les mots d’une rive à l’autre, élargissant nos horizons.
Pour cette deuxième édition, « Bresk ! » continue à explorer la richesse et la puissance des langues minorées et de la traduction : du klokobetz imaginaire du chanteur Nosfell aux variations salvatrices de la langue sourde, du parler douarneniste aux littératures du Pacifique, avec un passage chez les autochtones d’Amérique du Nord, cette programmation 2023 est éclectique.
Selon l’association Rhizomes, organisatrice de l’événement, l’édition 2023 « mêle le poétique et le politique, avec le désir de créer de la réciprocité entre les identités, de la rencontre dans une humanité partagée, d’inviter les langues à ne pas s’ignorer mais à se “parler” par la traduction. »
Voici donc le programme 2023, une traversée des langues et des cultures en musique, en paroles et en images. Et on ne peut que partager le mot de l’association : « Soyez les bienvenu·e·s, amenez vos langues ! »
VENDREDI 24 MARS
Nosfell en concert
Vendredi 24 mars à 20h, chapelle Saint-Michel, 28 rue du Port-Rhu
L’artiste s’est créé un univers intime en inventant une langue, un pays imaginaire dont la cartographie et les histoires sont tatouées sur sa peau. Ses créations varient entre musique, danse et performances. Depuis quinze ans, Nosfell a produit plusieurs albums constitués de chemins harmoniques, évocateurs de son imaginaire foisonnant. Pour ce concert acoustique voix et guitare, on entendra des nouvelles compositions, et aussi quelques histoires !
COMPLET // Réservation sur liste d’attente en écrivant à rhizomes.dz@gmail.com
Tarif : 5 €, gratuit pour les moins de 10 ans.
SAMEDI 25 MARS
« Rimadelloù et comptines en breton »
Samedi 25 mars de 10h30 à 11h15, au port-musée, place de l’Enfer (gratuit)
Petits et grands de tous âges sont invités à venir affûter leurs oreilles grâce à une sélection de rimadelloù, chansonnettes et petites histoires en langue bretonne préparées aux petits oignons par l’équipe d’Emglev Bro Douarnenez.
« Le parler douarneniste », documentaire sonore de Nina Almberg (40 min)
Samedi 25 mars de 10h30 à 11h30, dans l’auditorium du port-musée (gratuit)
Voici une invitation à un réveil en douceur à l’écoute de cette création sonore signée Nina Almberg. Elle explore en profondeur ce que le douarneniste, cette langue qui n’en est pas une, qui a porté les joies et les peines de toute une communauté au XXe siècle, dit de nous aujourd’hui. La pratiquer ne serait-elle pas une forme d’être au monde, un peu à contre-courant ?
Le projet sur le parler douarneniste est porté par le port-musée, l’association Emglev Bro Douarnenez et un groupe de bénévoles et d’universitaires.
Rencontre « La souveraineté narrative des peuples autochtones »
Samedi 25 mars de 11h30 à 12h30, dans l’auditorium du port-musée (gratuit)
En résonance avec la prochaine édition du Festival de cinéma de Douarnenez qui portera sur les Premiers peuples d’Amérique du Nord, cette rencontre mettra en lumière la réappropriation de la langue par ces peuples colonisés, opprimés voire victimes de génocides.
Avec Fabrice Le Corguillé, auteur d’Ancrages amérindiens. Autobiographies des Indiens d’Amérique du Nord, XVIII-XIXe siècles (PUR, 2021), une étude qui fait ressortir la richesse des autobiographies écrites en anglais par des Amérindiens, et Béatrice Machet, traductrice de plus de trente autrices et auteurs contemporains autochtones d’Amérique du Nord.
A tavola ! (petite restauration), de 12h30 à 14h, place de l’Enfer
« Initiation à la traduction anglais-français »
Samedi 25 mars de 14h à 16h, au port-musée (gratuit)
Béatrice Machet est traductrice et spécialiste de la littérature des « Native Americans ». Dans cet atelier ouvert à tous et toutes, sans connaissance préalable de l’anglais ou du lakota, elle nous fera découvrir des extraits de Whereas de Layli Long Soldier, une poétesse, féministe et militante du clan lakota oglala, qu’elle a publié en français sous le titre Attendu que.
Le titre original fait référence aux excuses de l’État américain faites aux Indiens, dans le cadre d’une résolution du Congrès de 2009… et restées lettre morte. De phrase en phrase, on essayera de comprendre comment la langue anglaise, langue de l’envahisseur pour les Indiens d’Amérique du Nord, est détournée, et comment lui est insufflée l’esprit et la pensée des Amérindiens. Un bousculement de la langue que l’on retrouve dans sa traduction française, publiée aux éditions Isabelle Sauvage en 2020.
« Les paysages et les langues de Paol Keineg »
Samedi 25 mars de 14h à 15h30, à l’auditorium du port-musée (gratuit)
Paol Keineg, poète qui rêve en breton, anglais et français, nous fait le plaisir de nous rejoindre. En première partie, projection du film de Bernadette Bourvon, Paol Keineg (25 mn, Aligal Productions, 2004). Puis découverte de ses chemins de traduction : les poètes américains Keith et Rosmarie Waldrop, Susan Howe, Charles Bernstein. Mais aussi son travail sur Quatre poires, recueil de la poétesse trégorroise Anjela Duval. Un cheminement mené par Caroline Troin, fondatrice de l’association Rhizomes, qui présentera aussi la nouvelle version du site web Bretagne et diversité, en particulier son volet langues : bed.bzh
Rencontre « Langue sourde ou LSF ? »
Samedi 25 mars de 16h à 17h, au port-musée (gratuit)
Rencontre interprétée en langue des signes française (LSF) par Enora Guérot et Laurène Pailler. Partout, on observe un intérêt croissant pour la langue des signes. Mais celle-ci échapperait-elle à toute forme de standardisation ? Mathilde Chabbey, artiste sourde, et Annaïg Le Naou, interprète en LSF, se posent la question.
N’observe-t-on pas, comme c’est le cas pour d’autres langues minorisées (dont le breton), une uniformisation de la LSF, notamment du fait de sa large diffusion et de son assimilation par les entendants ? Si une version unifiée a paru, un temps, indispensable à sa diffusion, que risque-t-on d’y perdre ? En s’intéressant aux variations et à la diversité des parlers, Mathilde la poète et Annaïg la conteuse nous invitent à explorer ces « plis » de la langue, ré-enchantement nécessaire, porteur de style et donc de liberté.
« Décoloniser les lettres : les littératures du Pacifique », par Titaua Peu
Samedi 25 mars de 17h à 18h, au port-musée (gratuit)
Engagée, féministe, indépendantiste, l’écrivaine tahitienne Titaua Peu écrit des romans puissants et sans concessions sur la Polynésie d’aujourd’hui. Pour le lectorat français, la lire c’est aussi apprendre à déconstruire le mythe associé à la Polynésie et comprendre le colonialisme à travers ses effets dévastateurs sur les peuples du Pacifique. Interrogée par Danièle Weiler, Titaua Peu nous fera (re)découvrir des voix essentielles de la littérature polynésienne, loin des clichés et vigoureusement émancipatrices.
Cabaret poétique
Samedi 25 mars de 18h à 18h45, au port-musée (gratuit)
Animé par la poétesse Alice Baude et la comédienne Gloria de Belén, ce cabaret est un voyage au-delà des frontières : on retrace en direct et sur une grande carte du monde les textes lus, chantés, déclamés par les participants, en langue étrangère ou régionale. Organisé dans le cadre du Printemps des poètes.
Apéro de fin de journée, de 18h45 à 19h30
Projection de « Traduire », de Nurith Aviv (70 min, 2011)
Samedi 25 mars à 19h30, dans l’auditorium du port-musée (tarif : 5/3 €)
Traduire est un film-Babel, dans lequel des traducteurs de différents pays, s’exprimant chacun dans sa langue, parlent de leur expérience de passeurs de la littérature hébraïque écrite à travers les siècles : le Midrash, la poésie hébraïque médiévale, la littérature moderne et contemporaine. Les traducteurs parlent avec passion de la confrontation avec une langue qui les amène parfois à transgresser les règles de leur propre langue.
À VOIR EN CONTINU
Morrinhas, par la compagnie La Têtue
Dans un espace cocon conçu par la scénographe Marìa Palomeras, la comédienne Carolina Garel accueille avec bienveillance des personnes qui ont envie de témoigner de leur morrinha – en galicien, le mal du pays, la nostalgie du chez soi. Ce mot existe en galicien, en portugais mais aussi en roumain, en gaélique, en grec et en des dizaines de langues… Une invitation à partager avec les liens qui restent et ceux qui sont coupés, les changements, l’amour, les regrets… toutes ces émotions qui peuvent être provoquées par l’éloignement et la morrinha.
Table de livres par la librairie de l’Angle Rouge
Les boîtes sonores du port-musée de Douarnenez