Fondé en 2016, le groupe O’Tridal est, comme ils l’annoncent eux-mêmes, « un trio inventif et inclassable ». Il n’en demeure pas moins que la musique bretonne est la source de leur inspiration et, en sept ans d’existence, ces trois compères se sont fait un nom dans le paysage musical breton. Notre chroniqueur Philippe Cousin a pu écouter Triumvirat, leur deuxième album qui sort ce vendredi 10 mars.
Bretonne, on l’a dit, leur musique est toute grande ouverte à une foultitude d’influences qui ont jalonné le parcours de ces trois surdoués de la musique, qui tous ont débuté dans le milieu des bagadoù quimpérois : Bagad Kemper pour le flûtiste Yeltaz Guenneau et Bagad Penhars pour le guitariste Tibo Niobé et le percussionniste et batteur Kentin Juillard.
Mais il ne faudrait pas croire qu’ils s’en tiennent à ce trio. Ils ont tous les trois roulé leur bosse dans des aventures musicales diverses et variées. Kreiz Breizh Akademi #7 pour Yeltaz ainsi que Jahiner, un spectacle de rue, au même titre que Kentin. Et Toutã, Pevarlamm ou Bodénès-Hamon Quintet pour Tibo. Bref, des pointures dans leur genre.
Une musique bretonne enflammée
Après nous avoir proposé un premier album Karrdi Sessions en 2019, ils remettent le couvert avec la sortie annoncée le 10 mars de leur second opus, Triumvirat. Sur celui-ci, ils s’unissent une fois encore pour nous offrir une musique bretonne enflammée. Ils se recentrent sur leur force originelle, une énergie communicative qu’ils savent si bien créer et partager sur scène.
En une quarantaine de minutes et neuf titres, leurs instruments donnent la pleine mesure à une énergie dévastatrice. Les notes bretonnes qu’ils diffusent se teintent de couleurs, tantôt celtiques, tantôt orientales, tantôt empruntées à d’autres continents. Selon eux, ils ont gardé leur ADN breton mais en s’ouvrant très largement à des influences multiples, comme le rock, le blues, le jazz, les musiques d’Écosse et d’Irlande et même d’Afrique.
Tous les titres sauf un, « Azizilé », un traditionnel arrangé par Jean-Louis Hénaff, ont été composés par l’un ou l’autre voire les trois à la fois. On écoute avec un vif intérêt des morceaux comme « Confluentia » ou « Anoroc », sur lesquels la flûte aérienne et vibrionnante de Yeltaz s’autorise des envolées jazzystiques du plus bel effet.
Citons encore « L’ombre d’un zèbre » avec les beats obsédants de Kentin et les riffs de guitare électrique de Tibo. « N’a pas de rayures » atteint des sommets dans l’art du groove. Sur « Don’t care Hubert », vous serez emportés dans une folle cavalcade hypnotique. « Washdé » vous fera voyager vers l’Orient tandis que le morceau final « Sarzhad » conclut l’album avec une puissance presque diabolique.
Une transe à danser
Bien qu’atypique, ne vous y trompez pas, la musique de O’Tridal reste dansable, même si parfois son originalité pourrait vous laisser pantois. Mais ce ne sont pas les aficionados des festoù-noz qui diront le contraire, tant ils sont nombreux à partager la transe que peut procurer cette musique d’un genre nouveau.
Un triumvirat est une association de trois personnes exerçant un pouvoir, une influence. Aucun doute possible, le titre de leur album n’est pas usurpé. Sur ce dernier, nos trois amis s’attellent à rompre avec la monotonie que peut engendrer la musique à danser, un de leurs défis. Sans conteste, le résultat est à la hauteur de leurs souhaits. Bien que méfiant lors de la première écoute, au final un album qui s’avère enthousiasmant. Une réussite totale.
Agenda : O’Tridal sera en concert samedi 11 mars à Griff’Noz #2 à Saint-Brieuc et jeudi 16 mars au Studio de l’Ermitage à Paris.

Triumvirat
(Paker Prod 036)
17 € chez Coop Breizh