Le Cinématographe est un lieu emblématique de Nantes. Il est reconnu à l’échelle locale, mais aussi au-delà en France, tant par la qualité de sa programmation que la défense du cinéma indépendant, son engagement en faveur du cinéma de patrimoine et son savoir-faire en matière d’éducation à l’image. L’établissement, associatif, à la fréquentation de plus en plus importante, va être relocalisé en 2025 dans un immeuble neuf situé 7 allée des Tanneurs, le long du cours des 50-Otages.
Ce choix de relocalisation s’explique par des locaux aujourd’hui trop étroits et inadaptés à l’accueil des publics, en particulier pour les personnes à mobilité réduite. Cette relocalisation permettra aussi une extension des locaux avec, à terme, trois salles de 47, 77 et 146 places.
En Conseil municipal du 14 octobre 2022, l’élu UDB Aurélien Boulé est intervenu pour soutenir ce projet. L’occasion de rappeler les liens étroits qui lient la cité bretonne et le cinéma. Le Peuple breton reproduit ici son intervention :
Le cinéma, émanation d’un territoire
« “Il n’y a rien de plus effrayant que la guerre. Le bombardement de Nantes le 16 septembre 1943, cela a été quelque chose d’effroyable. On a l’impression que plus rien de plus atroce ne peut arriver. Je crois que j’étais impressionné par cette catastrophe et peut-être que mes rêves sont partis de là“. En 1964, aux côtés d’Agnès Varda, Jacques Demy se confiait à la télévision sur sa ville. Chez lui, comme pour Jules Verne et tant d’autres artistes, un lien intime et viscéral le reliait aux souvenirs de Nantes, à son rythme, à son pouls, à ses soubresauts qu’il vécut enfant.
Pour Jacques Demy avec Nantes, Chantal Akerman avec Bruxelles ou Jane Campion avec la Nouvelle-Zélande, le cinéma est l’émanation d’un territoire, aux confins de l’intime, fluctuant et insaisissable. Le public, dans notre cité des Ducs de Bretagne, a été très tôt fasciné par ce magnifique “oubli de la réalité”, comme l’appelait Godard.
Favoriser la diffusion de toutes les expressions artistiques
Pas moins d’une trentaine de salles de projection, plus ou moins grandes, plus ou moins pérennes, ont un jour été ouvertes dans la ville. Cette floraison de cinémas à travers les quartiers a été un levier formidable pour le déploiement de l’éducation populaire, pour l’émancipation à travers le libre arbitre et la culture.
De l’Olympic à Chantenay, au Pax à la Contrie, du Bretagne à Saint-Pasquier au mythique Apollo dans le centre-ville (le fameux cinéma à 10 francs, à l’époque), les nombreuses salles de cinéma ont largement contribué à faire de Nantes une ville où l’expression artistique se répand partout, à travers toutes les classes sociales, parmi toutes les générations.
Depuis l’entrée en masse de la télévision dans les foyers et l’avènement des plateformes en ligne, la survie de ces cinémas est précaire. La plupart ont fermé après quelques décennies d’activité seulement et d’autres sont menacés.
Le choix politique fort que nous faisons, avec cette relocalisation et cette extension du Cinématographe, c’est celui d’une culture ouverte, d’une présence forte de l’art en ville, c’est lutter contre l’uniformisation culturelle par la valorisation du cinéma patrimonial et d’art et essai, c’est aussi renforcer l’éducation à l’image.
Continuer de faire résonner le cinéma à Nantes
À quelques pas de l’ancien garage familial Demy, dans ces futures salles du Cinématographe, pourront à nouveau résonner les pas de Catherine Deneuve dans l’escalier du passage Pommeraye, les colères de Richard Bohringer à Trentemoult, les chants de lutte de Richard Berry devant la préfecture ou encore les mots doux susurrés par Anouk Aimée sous les ors de La Cigale.
Festivals, lieux de tournage ou encore cinéastes célèbres, la ville de Nantes montre depuis plus d’un siècle qu’elle entretient une histoire intense avec le cinéma. La relocalisation du Cinématographe contribuera à entretenir cette flamme. »