À Douarnenez, le soutien à l’Ukraine torpillé par un élu très à droite

LPLT, CC BY-SA 3.0

Alors que les soutiens à l’Ukraine et aux réfugiés se multiplient de la part des collectivités locales depuis le début de l’invasion russe, le conseil de Douarnenez communauté (jeudi 24 mars) a tranché sur l’unanimisme ambiant. Pas sûr que le territoire et ses élus en sortent grandis…

En cause, un vœu de soutien à l’Ukraine, dont le texte ne semblait pourtant pas particulièrement clivant, puisqu’il réaffirmait le soutien de principe à l’Ukraine et aux sanctions internationales, et demandait un cessez-le-feu et l’ouverture de corridor humanitaire. Il devait être transmis à l’ambassadeur de la Fédération de Russie. Une démarche symbolique, certes, mais positive pour le moral des Ukrainiens, à qui il n’est jamais superflu de rappeler qu’ils ont le soutien au moins moral des populations européennes. Surprise : le vœu sera rejeté !

« Trop politique », a-t-on pu entendre lors de la soirée. Comme si les élus du peuple ne pouvaient pas prendre de position politique… Notons que l’argument selon lequel les collectivités locales n’auraient pas à se mêler de relations internationales est également mis en avant au Conseil régional de Bretagne par le groupe d’extrême-droite Rassemblement national.

Le vrai problème vient sans doute d’un passage du vœu appelant à « accueil digne de tous les réfugiés qui fuient la guerre sans distinction de nationalité ». Dominique Boucheron, premier adjoint à Douarnenez, a en effet jugé nécessaire de faire le distinguo entre les réfugiés ukrainiens fuyant la guerre et ceux qui en « profiteraient » pour venir. Il ne s’agissait manifestement pas d’un moment d’égarement, puisque le même élu avait déjà ciblé « les gens de couleurs » comme seuls responsables de l’oubli « des directives sanitaires préfectorales quant à une pêche “raisonnée” »1 dans sa ville, déclenchant une vague de critiques pour le racisme de ses propos (il a néanmoins été maintenu dans ses fonctions).

La coalition d’un élu manifestement hostile à l’accueil de réfugiés et d’autres élus refusant de condamner l’invasion russe a donc fait échouer le vœu. L’élue douarneniste Florence Crom, qui siège à Douarnenez dans l’opposition à Mr Boucheron, s’est indignée des propos tenus en particulier sur les réfugiés. Une aide financière à l’Ukraine a tout de même été votée.

Cet épisode honteux est un vrai cas d’école du poids que peuvent acquérir les idées d’extrême-droite lorsqu’elles avancent masquées, dans des instances intercommunales où l’on prétend de plus en plus « ne pas faire de politique. »

1« Les propos du premier adjoint au maire de Douanenez suscitent l’indignation », Le Télégramme, 28 juillet 2020.

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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