Et ce n’est ni plus ni moins qu’Alex Salmond, l’ancien leader du SNP et Premier ministre d’Écosse, qui en a fait la présentation le 26 mars dernier lors du lancement de la campagne pour l’élection générale. Ce dernier a connu récemment des remous judiciaires (accusation d’agressions sexuelles), puis a été acquitté. Il a décidé de revenir en politique, mais pas dans son ancien parti, avec une seule idée en tête : obtenir l’indépendance de l’Écosse.
Le parti a été fondé par un producteur de télévision à la retraite, Laurie Flynn, début février 2021. Mais c’est bien Alex Salmond qui en est rapidement devenu le chef, ce qui laisse entendre qu’il en est l’instigateur initial, attendant d’être totalement blanchi et hors de toute procédure judiciaire.
L’objectif d’Alba Party est de construire une Écosse « socialement juste et écologiquement responsable » en obtenant l’indépendance le plus rapidement possible. Le 6 avril dernier, ils ont publié leur programme pour les élections générales du 6 mai.
Une stratégie électorale iconoclaste
L’élection générale en Écosse a lieu en un seul tour et sur deux scrutins différents. Chaque électeur dispose de deux voix : la première voix sert à élire un député au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans l’une des 73 circonscriptions ; la seconde est pour une liste dans le cadre d’une région (nord-est de l’Écosse, sud de l’Écosse…). Le nombre de sièges pour chaque parti est attribué à la proportionnelle en prenant en compte les sièges déjà attribués dans les circonscriptions. Et c’est sur cette règle qu’Alba Party veut jouer.
En effet, si un parti remporte beaucoup de sièges pour le vote des circonscriptions, son poids est diminué sur les scrutins de liste pour éviter une majorité écrasante d’un parti. Voici donc la stratégie d’Alba Party résumée par ce hashtag : #BothVoteYes. Il invite les électeurs à soutenir le SNP pour l’élection des députés par circonscription, tout en appelant à voter pour eux pour le vote de liste, afin de garantir l’élection d’un plus grand nombre de députés indépendantistes.
Pour obtenir la supermajority, seule façon selon eux pour imposer l’organisation d’un second référendum sur l’indépendance, alors que Londres a déjà fait savoir qu’il s’opposait à cette idée.
Premières défections
Pratiquement dès l’annonce de la constitution de ce nouveau parti, quelques députés et membres importants du SNP ont décidé de rejoindre Alex Salmond. Parmi eux, on peut citer le député Kenny MacAskill et l’ancienne députée Corri Wilson, mais également le député Neale Hanvey et la conseillère locale Lynne Anderson, responsable nationale du SNP chargée de la lutte contre les inégalités.
Réactions dans le camp indépendantiste
La nouvelle n’a pas été accueillie de bon cœur dans le camp indépendantiste, en particulier au sein du SNP, Nicola Sturgeon en tête. L’attaque a surtout été portée contre Alex Salmond et sur sa légitimité à occuper une fonction officielle alors qu’il était accusé d’agressions sexuelles. Fin mars, Nicola Sturgeon a annoncé qu’elle refuserait de traiter avec Alex Salmond tant qu’il ne se sera pas excusé auprès de la femme qui l’avait accusé de harcèlement. Les Verts écossais, indépendantistes aussi, ont également critiqué ce nouveau parti en accusant Salmond de s’être lancé dans une vendetta contre la Première ministre.
À quelques jours des élections, le SNP est toujours donné largement vainqueur dans les sondages. Il sera intéressant de voir si la stratégie du nouveau parti aura été payante ou non.