Derrière la grève de la faim d’Eugène Riguidel, des questions pour l’avenir !

Lundi 12 avril, Eugène Riguidel décide d’une action aussi grave que symbolique en entamant une grève de la faim pour protester contre l’installation d’une antenne de télécommunication aux abords du bourg de Landaul. Une action inédite dans la lutte contre l’installation de ces antennes. Au-delà de la question des ondes, plusieurs autres problématiques sont soulevées, des combats philosophiques, de société et de démocratie qui sont également pointés du doigt par Eugène Riguidel, son épouse Brigitte et le collectif qui les soutient.

Nous parlerons peu ici des fréquences émanant de ces antennes. La littérature est déjà fournie sur le sujet et il est complexe d’avoir une opinion tranchée sur le sujet sans l’étudier de très près. Cela dit, le questionnement est légitime tant sur les ondes 5G que sur toutes les autres qui nous entourent de plus en plus. Téléphones, consoles, box et autres fréquences de télécommunication nous submergent et il est difficile de ne pas croire que ce bain continu n’a pas d’effets sur nos corps et notre environnement. L’OMS classe d’ailleurs les ondes électro-magnétiques parmi les cancérigènes éventuels. Mais peu d’enquêtes sont reconnues. Cela veut-il dire qu’il faut prendre le sujet à la légère ?

La course technologique semble sans fin entre États et entreprises. Un réseau n’est pas fini d’être implanté qu’un nouveau s’installe. Au lieu de télécharger son film en 5 minutes, on le pourra en 3. Mais le prix à payer n’est-il pas trop lourd ? Et surtout, en avons-nous tous besoin ? L’argument est de dire qu’avec une telle technologie, vous pourrez être opéré depuis New-York. Existe-t-il une salle d’opération à Landaul ? L’autre argument consiste à parler des entreprises qui ont besoin de cette technologie, y compris dans l’agriculture. Admettons même si ce genre d’entreprises est bien rare hors des grandes villes en Bretagne.

De leur côté, les personnes dites « électrosensibles » sont reconnues par l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’environnement (ANSES) depuis 2018. Elles seraient entre 600 000 et 6 millions. Comment répond-t-on à cette problématique ?

Mais plus généralement, la grève de la faim d’Eugène Riguidel pose la question démocratique. Partout en Bretagne et ailleurs, des collectifs se montent contre des projets « gages d’avenir ». Les luttes contre les implantations d’antennes 5G sont symptomatiques de populations réfractaires à se laisser imposer la « modernité ». A contrario, les nouvelles générations semblent vouloir se rapprocher du naturel et se déconnecter. Qu’importe ! L’ordonnance n°2020-320 du 25 mars 2020, imposée en plein confinement, permet désormais aux opérateurs de s’implanter encore plus facilement sans avoir à demander la permission aux élus locaux ! La maire de Landaul le rappelait d’ailleurs lors de son passage au rassemblement de soutien le 15 avril. L’antenne dénoncée par Eugène Riguidel est prévue à Toul an Diaoul, surplomberait le bourg, son église classée et une quarantaine d’habitations.

Cette grève de la faim pose donc la question de l’avenir que nous voulons. La lutte contre l’implantation de ces antennes n’est-elle pas la volonté de plus en plus affirmée d’une partie de la population de s’extirper d’un avenir numérique dévorant ? Démarche administratives dématérialisées, argent virtuel imposé progressivement avec projet d‘éliminer le scriptural, vidéo-surveillance omniprésente pour la « sécurité » (l’exemple d’Hong Kong et de son utilité lors des révoltes), téléphones qui deviennent espions, démarches complexifiées malgré les promesses d’une virtualisation facilitatrice… La déshumanisation en marche !

Le droit au « territoire blanc » doit être évoqué. La fibre peut largement suppléer aux besoins réels du numérique dans les zones moins urbanisées.

 

 

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> Jean-Christophe Cordaillat-Dallara

Jean-Christophe Cordaillat-Dallara est un militant de l’UDB.