Pierre Avril a beau être une cheville ouvrière des marches contre Monsanto, toujours sur le pont dès qu’il s’agit de défendre une agriculture paysanne, sans pesticide, peu de gens connaissent son métier ! Pourtant, il ne le cache pas : à Plœmeur, il est le patron d’Avril industrie, une entreprise qui fabriquer des machines agricoles – mais pas n’importe quelles machines : des machines pour une alternative aux herbicides au service de la transition ! Gael Briand, tête de liste de Bretagne d’Avenir dans le Morbihan, a visité son entreprise avec des militants d’EELV et de l’UDB.
Pierre est issu d’un milieu agricole, du côté de Saumur. Ses parents vivaient chichement en cultivant des vergers. De là sans doute lui vient son militantisme. A 14 ans, il travaillait déjà et traitait les vergers jusqu’à 30 à 35 fois par an ! « C’était dur, je rentrais à la maison lessivé, parfois je vomissais ». A l’âge de 18 ans, sa voisine de 15 ans, habitant en limite des vergers, meurt d’une leucémie, sans doute à cause des pesticides. C’est le choc. « Dans les années 1970, on savait déjà qu’on déconnait ! », assure-t-il. Aujourd’hui, le nombre de morts par contaminations aux pesticides est estimé à 150 000 par an.
Pierre fait des formations dans la mécanique et créé l’entreprise Avril industrie en 1991. Comptant aujourd’hui 5 salariés, celle-ci est spécialisée dans le désherbage mécanique ou manuel. Il conçoit, prototype, fabrique et commercialise des outils ou des machines destinées au particuliers, aux agriculteurs et surtout aux collectivités en France comme en Europe. Ces machines permettent concrètement le passage au 0 phyto porté par la récente loi Labbé, loi auquel il a participé en conseillant le sénateur.
Au-delà de son métier, Pierre est attaché à la transmission, aussi bien dans l’agriculture que dans l’artisanat, le monde de l’entreprise. Un sujet épineux : « pendant les 3 premières années de mon entreprise, ma famille considérait mal mon activité comme souvent pour les manuels, peu considérés dans l’esprit collectif, provoquant ainsi un déficit d’autonomie du pays… J’y passais beaucoup de temps, je gagnais peu ma vie. » Malgré tout, il persiste car il croit à son idée. « Mes outils sont simples, ergonomique, efficaces. J’ai acquis un savoir-faire qu’il est important de transmettre car à force d’importer, on perd des compétences. »
Pire, Pierre explique que les grandes entreprises volent purement et simplement le travail des petites. Plusieurs de ses machines, brevetées, ont été en effet l’objet de copiage : « ils sous-traitent la Recherche et Développement, sans payer ». Son ingéniosité n’est d’ailleurs pas toujours passée inaperçue. Durant l’épisode de l’Erika, Pierre se souvient d’être allé au culot au centre de gestion de crise, à Plœmeur. « Il y avait là tout un parterre d’élus, mais aucun n’avait de solution industrielle. Moi, j’avais imaginé un grattoir polyvalent pour ramasser le mazout sur les roches.on a ainsi fabiqué 10 000 “Grat’Avril” pour la Loire-Atlantique et le Morbihan ».
Un motif de fierté pour Pierre qui estime « avoir agi sur un chemin professionnel réparateur de ses actes de jeunesse ».