
Les 21, 22 et 23 août, c’est à Lorient que se déroulera l’université d’été de Régions et Peuples solidaires, fédération de partis politiques autonomistes/fédéralistes à laquelle appartient l’Union démocratique bretonne. À la veille des régionales, la fédération se sent solide, forte de plusieurs députés et autonome financièrement. Le Peuple breton a rencontré le directeur, Pèire Costa.
Le Peuple breton : Après le pays basque et la Corse, la fédération Régions et Peuples solidaires tiendra son université d’été au palais des congrès de Lorient. Elle n’était pas venue depuis 2016 à Nantes et avant cela 2009 à Tréguier. Pourquoi la Bretagne cette année ?
Pèire Costa : Depuis la création de Régions et Peuples Solidaires en 1995, nous organisons chaque année, à la fin du mois d’août, notre université d’été. Cette année, ce sera la 25e édition ! L’année dernière nous étions à Ajaccio, à l’invitation du Partitu di a Nazione Corsa et de Femu a Corsica. Et l’année d’avant, nous étions à Bayonne en co-organisation avec Eusko Arkatasuna, un des partis arbertzale membre de R&PS. Nous changeons chaque été de destination de telle façon à valoriser chacune de nos organisations membres. Compte tenu du développement de l’UDB et des enjeux des prochaines élections régionales en Bretagne, nous avons estimé judicieux d’organiser cette année l’université d’été 2020, avec l’UDB, en Bretagne. Ce sera l’occasion de mettre en avant quelques-uns des points programmatiques que l’UDB à beaucoup travaillés. Je pense notamment à l’Assemblée de Bretagne.
Cette université d’été a été intitulée « Autonomie et interdépendance ». Peux-tu nous en dire davantage sur ce choix ?
La crise sanitaire que nous subissons depuis l’apparition du Covid-19 a révélé des carences structurelles profondes de la société française. Je pense notamment au centralisme politique et aux lourdeurs de la bureaucratie de l’Hexagone d’une part ainsi qu’au néo-libéralisme et à la mondialisation économique d’autre part. Ils sont antinomiques avec la gestion de cette crise. Depuis toujours Régions et Peuples Solidaires prône le fédéralisme différencié et l’économie sociale et solidaire. Nous sommes convaincus que, pour sortir de cette crise, il nous faut réorganiser complètement le système. Il faut donner aux territoires la capacité de mener des politiques adaptées à leurs besoins et à leurs contraintes. Cela s’appelle l’autonomie. En même temps, nous devons bâtir un monde solidaire. Avec l’autonomie, les territoires doivent tendre à l’autosuffisance, en commençant par assurer leur souveraineté alimentaire et énergétique, tout en sachant qu’aucun territoire ne peut vivre en autarcie. La Bretagne peut par exemple fabriquer des masques médicaux. Mais elle ne peut produire tous les médicaments dont la population a besoin. Il faut donc organiser un système efficace et solidaire à un niveau qui dépasse le territoire. L’Union Européenne est l’échelle pertinente pour penser et organiser la péréquation entre les territoires et tout ce qui ne peut pas être produit et consommé en circuit court. Le monde d’après sera construit à partir de territoires autonomes et interdépendants. Le fédéralisme est la réponse à ce double enjeu. C’est pourquoi, nous sommes fédéralistes.
Un petit mot sur le programme. Pourquoi venir à cet événement ?
L’université d’été est structurée en trois demi-journées, chacune consacrée à un thème particulier. La première demi-journée, qui aura lieu le vendredi 21 août de 9h30 à 13h, sera consacrée à la résilience territoriale. La deuxième demi-journée, qui se déroulera le vendredi après-midi sera dédiée à la question du fédéralisme. L’UDB profitera de cette occasion pour présenter son projet d’Assemblée de Bretagne. Ce sera un temps fort de notre événement. Enfin, la troisième table ronde, qui se tiendra le samedi 22 août au matin, sera centrée sur la place des territoires dans la sortie de crise et la relance de l’Union Européenne. Une fois terminé, nous partirons après-manger à Vannes pour faire découvrir l’ancienne capitale des Ducs de Bretagne. Enfin, nous clôturerons la journée par un repas festif entre congressistes. La journée du 23 sera entièrement consacrée au congrès qui est réservé aux seuls adhérents des partis membres. Nous sommes convaincus que la première des batailles est d’ordre idéologique. La fédération Régions et Peuples solidaires et ses partis membres continuent de produire de la pensée politique pour faire bouger les lignes en France et améliorer l’efficacité des politiques publiques.
Dans le contexte sanitaire actuel, l’organisation a-t-elle été facile ?
C’est vrai que ce n’a pas été facile. Le confinement au printemps nous a fait perdre beaucoup de retard dans l’organisation. Tous les hôtels et restaurants étaient fermés. Et aucun intervenant ne pouvait raisonnablement se projeter fin août. Mais grâce à la mobilisation de l’UDB, nous avons réussi en quelques jours à rattraper le temps. Nous respecterons bien entendu tous les gestes barrières imposés par la situation. Nous ne prendrons aucun risque. Le port du masque sera obligatoire dans tous les lieux clos. Du gel hydro-alcoolique sera mis à la disposition de tous. Et les chaises seront espacées d’un mètre dans la salle du palais des congrès où se tiennent les travaux de l’université d’été. L’édition 2020 sera, sans aucun doute, une édition particulière. Ce sera une grande première ! À tous ceux qui n’auront pas la possibilité de se déplacer jusqu’à Lorient, nous retransmettrons en direct, sur nos réseaux sociaux et notre site internet, tous les travaux relatifs à l’université d’été. Il faut savoir s’adapter à la situation : toute situation extraordinaire mérite une réponse extraordinaire. Nous serons à la hauteur des enjeux.
Si on considère que les universités d’été politiques sont un lancement de « saison », quels seront les combats à mener pour la fédération dans les mois à venir ?
Les semaines et les mois qui vont suivre l’université d’été vont être cruciaux avec un calendrier électoral très chargé. Il y aura tout d’abord les élections sénatoriales fin septembre. Compte tenu des bons résultats obtenus aux dernières municipales, nous escomptons faire de très bons scores. En Corse, notamment, nous sommes en mesure de faire notre entrée au palais du Luxembourg. Ce serait une grande première qui prolongerait encore la dynamique positive entamée il y a cinq ans lors des élections régionales, les très bons scores enregistrés en autonomie en Alsace et en Bretagne et la conquête du pouvoir en Corse. Puis, au mois de mars, il y aura les élections régionales et départementales. Là aussi, nous pensons faire de très bons résultats. Nous espérons conserver le pouvoir à l’Assemblée de Corse et espérons créer la surprise dans quelques régions, notamment en Bretagne. L’UDB devrait jouer un rôle central dans cette élection. Je suis persuadé que les autonomistes vont créer LA surprise en Bretagne. Tout est réuni pour un succès. Nous avons les clés en main pour gagner.