
Les salariés de l’entreprise Fonderie de Bretagne, filiale de Renault, ont appris par la presse courant mai que le site de Caudan pourrait être supprimé. 385 salariés, plus des intérimaires, sont donc sur la sellette et les syndicats sont inquiets et furieux. Cette décision va contre tous les grands discours écologiques, économiques et sociaux du moment…
L’information est d’abord parue dans le magazine Challenges, puis des révélations sont sorties dans le Canard enchaîné. Le constructeur automobile Renault envisagerait de fermer 4 sites en France dont Fonderie de Bretagne, basé à Caudan. À vrai dire, cela fait déjà plusieurs années que la direction semble avoir condamné ce site, mais la mobilisation populaire et la pression politique ont toujours triomphé jusqu’à présent.
Victime d’un incendie en mai 2019, Fonderie de Bretagne avait perdu sa ligne de production et avait été forcée d’arrêter son activité. Le groupe Renault en a profité pour délocaliser la production à l’étranger (Espagne, Slovénie, Turquie…), créant un transfert de technologie. Certains salariés ont même été sur place pour aider à la mise en route des outils. Un transfert qui était censé être temporaire, mais que la crise sanitaire voudrait rendre permanent.
« Cela va à l’encontre de tous les discours politiques de Bruno Le Maire », estime un délégué CGT du personnel rencontré lors d’une visite de la liste Lorient en commun à laquelle participe l’UDB, le 20 mai. Outre le fait que l’État prévoit un prêt bancaire de 5 milliards d’euros pour Renault dont il est actionnaire sans aucune condition, cette décision serait un non sens économique puisque l’entreprise a investi plus de 220 millions d’euros entre 2010 et 2018, que la chaîne de production a été remise à neuf. Elle est donc performante, la qualité des produits est d’ailleurs attestée par la confiance de BMW qui continue de passer par ce prestataire ! L’entreprise avait enfin atteint son seuil de rentabilité juste avant l’incendie, et devait l’être tout à fait en 2020 et c’est le moment que choisit Renault pour cette annonce !
Écologiquement, la décision est tout aussi absurde. La fonderie fournit principalement l’usine du Mans. Délocaliser la production en Turquie et en Espagne reviendrait à mettre 30 000 tonnes de marchandises sur les routes d’Europe.
Lorient en Commun, par les voix de ses porte-paroles Delphine Alexandre, Léa Bonneville et Gaëlle Le Stradic, estime qu’« il est donc clair que le plan de fermeture du site de la Fonderie de Bretagne est un pur effet d’opportunité. Sa logique est de faire des gains de profitabilité pour servir ses actionnaires avec l’argent de l’État et de nos impôts. Le résultat, c’est l’appauvrissement de notre territoire et la perspective de la perte d’emploi et du chômage pour l’ensemble des salariés de l’entreprise. »
Les syndicalistes réclament le maintien du site et des emplois bien sûr, mais aussi un retour des pièces délestées à l’étranger et une rééquilibrage des activités de Renault en Europe puisque les sites espagnols sont débordés et travaillent dans des conditions bien moindres qu’en France. La liste municipale Lorient en commun rajoute une demande : conditionner les aides octroyées à Renault !
La multinationale doit rendre son plan définitif le 28 mai. Une chose est certaine : on ne peut que s’étonner de cette gestion à la petite semaine de ce fleuron industriel breton. Aucune discussion stratégique et une dépendance totale à l’entreprise automobile menace régulièrement ce site de production ô combien important pour le pays de Lorient.