Le Président du Conseil régional de Bretagne, comme de nombreux autres élus, essaye de maintenir un semblant de communication avec ses administrés. Difficile dans le contexte. Au cours d’une séance de questions-réponses sur internet, il nous apprend deux ou trois choses.
L’exercice n’était pas évident et Loig Chesnais-Girard s’en sort plutôt bien. Pour échanger avec les Bretonnes et les Bretons et surtout donner quelques informations sur l’activité de l’institution, le Président de la Région Bretagne a choisi de s’exprimer par un « facebook-live ». Plus précisément de répondre en direct aux questions que lui posent celles et ceux qui l’ont regardé, c’est à dire assez peu de monde (environ 350 personnes lors du pic). Durant 35 minutes, il s’est prêté au jeu.
Alors que le monde politique s’agite dans tous les sens sans donner beaucoup d’informations en réalité puisque personne ne sait rien ou presque et que la situation évoluera en fonction de l’endiguement ou non de l’épidémie, que nous apprend Loig Chesnais-Girard ?
Au-delà des éternels (et logiques) rappels au confinement et aux « gestes barrières », le discours du Président de Région a surtout tourné autour des enjeux économiques. Les entrepreneurs, PME et artisans sont légitimement inquiets pour leur activité et l’après-coronavirus. Le Président a rappelé le principe du fond de solidarité : « cofinancé par l’État à hauteur de 75 % et par la Région à hauteur de 25 % » soit « plus de 10 millions d’euros mobilisés » pour la Région Bretagne pour le mois de mars. Le versement doit s’opérer à la fin de la semaine prochaine. La Région Bretagne a aussi constitué un fond de 5 millions d’euros dans le domaine associatif. Durant ces échanges, il a également été question de l’usine de Plaintel fermée en 2018 qui fabriquait des masques FFP2. Il y aurait des hypothèses de relance de cette activité délocalisée « si tant est que l’on trouve les machines »… et des clients. De même, le secteur touristique, impacté « durablement », a fait l’objet d’une question. Loig Chesnais-Girard prépare l’après-crise en communiquant sur « les vacances sur le territoire ».
Quelles sont les activités économiques qui seront soutenues en priorité ? Aucune en particulier, mais dans l’immédiat, l’accent est mis sur les activités essentielles pour la vie de tous les jours. Loig Chesnais-Girard a d’ailleurs du à cette occasion se justifier auprès d’un internaute « content d’apprendre que son activité n’était pas utile » : « Tout est utile. Par essence, si vous êtes entrepreneurs, si vous avez une activité commerciale et économique, c’est que vous rencontrez une demande de vos clients ». Une réponse maladroite à bien y réfléchir car si l’utilité d’une activité économique se mesurait à la demande, alors on affirmerait sans mal que la vente d’armes de guerre ou de vidéos pédophiles l’est…
Parmi les activités indispensables, l’alimentaire bien sûr a été cité. D’ores et déjà, une plate-forme de mise en relation entre producteurs locaux et consommateurs va être lancée la semaine prochaine : « à partir de lundi, les producteurs bretons pourront s’inscrire sur la plate-forme lorsqu’ils sont en capacité de livrer ». Le site : producteurs-locaux.bzh. Ce dispositif inspiré de ce qui s’est imaginé en Nouvelle-Aquitaine semble bien fonctionner là-bas et devrait favoriser les activités de proximité. Il devrait compléter ou donner de l’envergure du moins aux initiatives citoyennes nées un peu partout sur le territoire, sans attendre les autorités.
De questions en questions, on sent une volonté de changement exprimée. Le Président a assuré qu’il était lui aussi favorable à réfléchir « sur la place du marché ». Il a d’ailleurs plusieurs fois évoqué la notion d’autonomie alimentaire en se félicitant de certaines réussites économiques : « Daucy et la filière volailles » par exemple ! La « place du marché » disait Loig Chesnais-Girard… On revient là sur le débat agricole qui agita les bancs de l’assemblée régionale durant le mandat 2010-2015. L’UDB avait voté contre la « Nouvelle Alliance » qui prétendait faire cohabiter deux agricultures distinctes, changeant ainsi la volonté de transition d’un modèle à un autre. Visiblement, rien ne change vraiment : vive le bio et vive l’agrobusiness ! Le « en même temps » de Macron. Ne pas choisir, c’est choisir.
Enfin, sujet ô combien d’actualité, la commande de masques a été évoquée. Ceux-ci ont bel et bien été commandés « avec les 4 départements bretons » (sic), mais sont pour le moment bloqués en Chine. La commande a été groupée avec la Région Centre et Grand Est. « L’avion devrait partir demain matin samedi pour arriver à Roissy et lundi en Bretagne. (…) nous devions les avoir mardi dernier, il y a du retard ». Mais le Président de la Région Bretagne a tenu à rassurer : les masques seront distribués en priorité dans les EHPAD et dans les services de la petite enfance. La Bretagne est pour le moment relativement épargnée par la pandémie, « sous la vague » pour reprendre les termes de Loig Chesnais-Girard, mais mieux vaut prévenir que guérir.
De manière générale, on constate une fois encore qu’avec plus de moyens, la Région aurait sans doute un véritable rôle à jouer dans cette crise sanitaire. Mais avec ses 10 millions d’euros en mars et 10 millions d’euros en avril, on est loin des sommes nécessaires pour relever une économie stoppée nette ou presque. En ce moment, la Région se contente donc, hélas, d’expliquer des dispositifs pris ailleurs. « Avec beaucoup d’humilité »… fatalement !