Le personnel des services de soins et aides à domicile sans masque !

Le personnel à domicile bien qu’ayant pu bénéficié de l’arrêté du 16 mars 2020 donnant droit à distribution des masques de la réserve nationale, est toujours sans moyens pour venir en aide aux personnes âgées et isolées.

Parmi les préconisations d’usage face à la crise sanitaire, on conseille de rester à 1 mètre des autres personnes. Mais comment faire une toilette, donner à manger ou même parler à des personnes mal entendantes à cette distance ? Les masques sont donnés au compte goutte aux médecins infirmières à domicile, hôpitaux et EHPAD. Mais qu’en est-il des personnels à domicile ? Pas de surblouses, pas de masques mais du gel hydroalcoolique.

Les tournées sont réduites, mais beaucoup de bénéficiaires ne comprennent pas et n’acceptent pas les nouvelles conditions : on peut aller leur faire les courses mais on n’a pas le droit de les emmener dans notre voiture personnelle, plus de ménage pour 15 jours, plus de visite de confort assurant du lien social. Comme nous savons que la situation va durer, comment faire pour ne pas isoler encore plus des personnes âgées et/ou seules ?

Cette situation rend plus insupportable encore les touristes qui viennent à la campagne ou à la mer pour passer leur confinement au vert, les gens qui dévalisent les rayons d’articles de première nécessité alors que certains pour qui on fait les courses ne dépendent que de nous et n’ont aucune autre possibilité. En guide d’exemple, le mardi, je fais les course pour Monsieur C. Toutes les semaines, de 10h à 11h, ma liste de courses à la main, je vais au plus près, là ou il a un compte ouvert à son nom pour éviter la transaction d’argent. Liste : beefsteak haché, jambon, beurre spécial, papier toilettes, pain de mie spécial… M. est diabétique et n’a plus de dents ! Donc tout est spécifique pour lui. Dans les rayons : plus de beurre, plus de papier toilette, plus de beefsteak haché, plus de jambon ou presque, plus du tout de pain de mie… Que va manger ce monsieur pendant une semaine ? Je n’y retourne que mardi prochain. Comme d’habitude, notre conscience professionnelle fera que je vais faire mes courses un de ces jours et si je vois quelque chose qui lui manquait qui est réapprovisionné je lui prendrai.

Tous ceux qui se targuent d’avoir 70 paquets de pâtes à la maison et des centaines de rouleaux de papier toilette ont-ils une infime notion de solidarité ? Se sentent-ils responsables de cette pénurie provoquée par un manque de civisme ?

On nous demande d’aller au charbon sans masque, sans blouse, et d’avoir une conscience professionnelle. Nous sommes face à une situation inédite et, qui plus est, on ne sait pas comment on sera payé… Hier comme aujourd’hui, nous aimerions plus de considération !

 

> Christèle Daisey-Mogère

Membre du bureau politique de l'UDB, Christèle Daisey-Mogère est aide à domicile. Elle vit à Plouha.