
On peut penser ce que l’on veut des zoos, mais celui de Pont-Scorff avait, sous l’ère de ses fondateurs Pierre et Maguy Thomas, une excellente réputation. Ce n’est hélas plus le cas avec son actuel propriétaire, Sauveur Ferrara.
Fondé en 1973, le zoo de Pont-Scorff est devenu au fil du temps un employeur et une vitrine du pays de Lorient. Engagé dans la préservation des espèces animales, le zoo mettait un point d’honneur à assurer une qualité de vie digne aux animaux. Mais pour tous ceux qui ont arpenté ce zoo quand ils étaient enfants, le changement actuel est brutal. Cages et volières trop petites, sentiment d’abandon, la tristesse l’emporte sur le plaisir pour qui revient après de longues années.
Quand M. Ferrara a racheté l’entreprise en 2017, en faisant éviter la procédure collective du redressement judiciaire aux héritiers Thomas, on n’imaginait pas que ses décisions allaient bouleverser à ce point le fonctionnement du zoo. La grève des soigneurs survenue en 2018 n’était que la partie émergée de l’iceberg : à son arrivée, une partie du personnel (notamment les cadres) a en effet été licencié, puis la directrice voici quelques mois, pour la remplacer par Olivier Thomas, le fils des fondateurs.
Depuis, l’association des Amis du zoo de Pont-Scorff a été mise de côté, Sauveur Ferrara souhaitant être « seul pilote des différentes animations » (source). Dans un communiqué daté du 30 septembre, celle-ci annonce l’arrêt de ses activités au sein du zoo : « Le propriétaire et la nouvelle direction ont décidé unilatéralement de mettre fin à la collaboration entre le parc et l’association afin de reprendre la gestion et l’animation des différentes activités que nous proposions (boutique, journées soigneurs, activités de groupes, animations pédagogiques). […] Malheureusement, nous n’avons pas notre mot à dire puisque le propriétaire est dans son droit. » L’association ne disparaît pas pour autant et cherche à faire évoluer son action sur le bien-être animal et la préservation des espèces.
Autre souci, plus problématique politiquement parlant : l’avenir de l’ESAT de Guidel, qui gère « le chalet » au sein du parc. Dix travailleurs handicapés (autistes) sont en effet embauchés pour soigner les animaux et nettoyer les cages. Un renfort de travail très rentable pour le zoo, qui lui est facturé l’équivalent de deux emplois à temps plein d’après nos informations recueillies auprès d’un parent. Récemment, le propriétaire a fait savoir à l’ESAT – très dépendante du zoo – qu’il souhaitait diviser par deux la prestation. Ce faisant, il fragilise une structure d’insertion professionnelle utile pour le pays de Lorient, dont le partenariat avec le zoo date de vingt ans.
La gestion du zoo dépasse donc la simple liberté de l’entrepreneur privé. Il serait utile que les collectivités prennent le cas du zoo de Pont-Scorff en considération…