Manon Moy a 29 ans. Après des études de sommellerie puis 10 ans dans la restauration durant lesquels elle côtoie de grands chefs, elle ouvre un bar / hôtel / restaurant sur l’île de Groix, associée à son frère et à son père. Une aventure qui dure 3 ans et continue sans elle. Car Manon a dans l’idée de faire un « métier créatif ». « Je trouve ça magique de savoir fabriquer des objets », explique-t-elle. Elle rajoute : « Et j’ai toujours aimé la belle vaisselle ». Son projet en tête, elle a fait appel au Peuple breton pour lui donner un coup de projecteur…
Le Peuple breton : Pouvez-vous nous en dire plus sur le métier de céramiste?
Manon Moy : Céramiste, c’est très vaste comme nom de métier. La base, c’est que l’on travaille l’argile (le grès, la faïence ou encore la porcelaine). Après, on utilise une technique : ça peut être le tour mais aussi le modelage, le travail à la plaque ou au pincé, le coulage, le calibrage. Et enfin, on fabrique un type d’objet. Il y a les céramistes d’art et il y a des céramistes qui se spécialisent plutôt dans l’utilitaire (vaisselle, pots, vases…). Et en fait il n’y a pas vraiment de limite entre tout ça, c’est un métier qui offre de grandes libertés ! Moi, je me lance dans la fabrication de vaisselle à destination des restaurateurs. Pour se faire je vais utiliser au moins trois argiles différentes, et autant de techniques…
Votre projet, c’est de « créer de la vaisselle à destination des restaurateurs ». D’où vient la leur et pourquoi un tel projet ?
J’ai travaillé dans beaucoup de restaurants, spécialisés dans la cuisine locale, travaillant avec des produits de qualité, bios ou naturels. Bref, dans des endroits où l’on défend vraiment les savoir-faire, l’artisanat, le « made in France ». Mais, malheureusement, tout ça est bien souvent servi dans des assiettes Ikea, ou Vega, des grandes multinationales qui offrent une solution de facilité aux restaurateurs. Finalement, il y a peu d’offre en vaisselle artisanale en France. Soit, c’est des grandes manufactures et c’est souvent très cher, ou c’est de la grande série, des assiettes moulées toutes strictement identiques. Il y a aussi beaucoup de céramistes qui ne sont pas équipés pour répondre à des grosses commandes, ou pour qui ça n’est pas l’activité principale et qui n’ont pas le temps d’y répondre. Je voudrais vraiment proposer une offre entre les deux : un petit atelier à taille humaine, mais bien équipé pour pouvoir produire en bonne quantité sans que ce soit l’usine !
Vous avez choisi de vous installer sur le port de Lorient. Pourquoi ce lieu ?
J’ai passé une bonne partie de ma scolarité à Lorient. À 18 ans, je suis partie : j’ai voyagé, fait pas mal de saisons, vécu un moment à Paris… Pour me rendre compte qu’à Lorient, on a quand même un super cadre de vie ! Le port, ça n’est pas vraiment moi qui ai choisi. Ma mère y a un atelier de peinture depuis une dizaine d’année et elle fait vivre l’association « Lieu Noir Lieu Jaune », qui propose entre autres choses, des résidences artistiques ! Alors quand j’ai fini mon école, c’est naturellement qu’elle a proposé d’héberger les débuts de mon activité pour me lancer.
Votre projet a été retenu par le Conseil régional de Bretagne, mais vous avez besoin d’un coup de pouce… Vous nous expliquez ?
J’ai lancé une campagne de financement participatif sur la plate-forme Kengo.bzh. Il s’agit de récolter la somme de 5000 euros pour pouvoir m’acheter un four (LA pièce manquante de mon atelier, mais indispensable pour pouvoir commencer ma production). Mon projet a en effet plu au conseil régional, et j’ai la chance de pouvoir bénéficier du programme « accélérateur d’initiatives jeunes ». Si j’atteins 70 % de la somme espérée, la région Bretagne me subventionnera à hauteur des 30 % restants soit 1500 euros ! Actuellement, je suis presque à 50 % de mon objectif, on n’est donc plus très loin d’y arriver !