
Les lecteurs du Peuple breton sont souvent avides de culture générale, notamment quand celle-ci concerne les langues du monde. Patricia Riou propose donc un aperçu des langues parlées en Indonésie et particulièrement du malais.
L’indonésien (bahasa Indonesia, littéralement « langue de l’Indonésie ») est devenu la langue officielle de l’Indonésie après la Seconde Guerre mondiale. C’est une forme du malais (bahasa Melayu), une vieille langue dont le document le plus ancien connu date de 683. On désigne sous le nom de « malais » un groupe de langues très proches les unes des autres, mais que les linguistes considèrent comme étant des langues distinctes. Ces idiomes sont parlés par la population du littoral oriental et de la partie sud de l’île indonésienne de Sumatra, des îles Riau, du littoral de l’île de Bornéo et de la péninsule malaise, une partie de la population de Singapour et celle de provinces du sud de la Thaïlande. Cette dispersion du malais a nécessairement suscité un débat sur l’origine de la langue. Le consensus actuel est que le berceau du malais est la partie occidentale de l’île de Bornéo.
Le malais a été pendant des siècles la langue qui permettait de communiquer là où des dizaines de langues différentes sont parlées. Les Néerlandais l’utilisent dès leur installation dans l’archipel. Ils emploient aussi le malais pour diffuser le christianisme puis pour enseigner dans les écoles chrétiennes. Cette langue devient langue d’administration en 1865. De la littérature écrite en malais commence à paraître vers 1908 puis, dès les années 1930, en indonésien.
La langue malaise est riche de mots empruntés à d’autres cultures et langues telles que le sanskrit, l’arabe, le persan mais aussi le chinois. La colonisation néerlandaise a bien sûr laissé aussi de nombreux mots néerlandais tels que polisi pour police, televisi pour télévision, etc. Depuis l’indépendance, l’indonésien a beaucoup emprunté et continue d’emprunter à l’anglais pour des termes techniques ou de la vie moderne en général.
Mais c’est surtout l’occupation japonaise de 1942 à 1945 qui va permettre à la langue indonésienne de se développer. Les nouveaux occupants voulaient en effet faire disparaître toute trace d’influence occidentale. L’indonésien était utilisé comme outil de propagande.
Toutefois, pour la plupart des habitants, l’indonésien n’est pas la langue maternelle. Ils l’apprennent à l’école vers l’âge de 5 ans. On peut dire que l’indonésien existe tel qu’il est aujourd’hui par une volonté culturelle mais aussi politique des nationalistes indonésiens lors de l’indépendance. L’indonésien est une forme de malais enrichi des influences que l’Indonésie a subies ces derniers siècles.
Les langues parlées par les Indonésiens sont pourtant des langues « régionales » comme le javanais, avec plus de 80 millions de locuteurs, et le soundanais (Java occidental), avec près de 35 millions de locuteurs, mais aussi d’autres idiomes plus confidentiels. La décision d’uniformiser la langue en Indonésie a été prise pour favoriser les échanges entre habitants d’un même pays.
A suivre dans le prochain Peuple breton (octobre 2019), un article sur Jakarta