Des dizaines de mobilisations pour libérer Vincenzo Vecchi

Vincenzo
Lors du rassemblement à Nantes

Arrêté le 8 août dernier, Vincenzo, italien vivant à Rochefort-en-Terre depuis 8 ans, est depuis détenu à la prison de Vezin-le-Coquet, près de Rennes. Son crime ? Avoir participé au contre-sommet du G8 à Gênes en 2001 et à un rassemblement non-autorisé s’opposant à une manifestation fasciste à Milan en 2006. Pour ces faits, il a été condamné à 11 ans et 6 mois de prison. Réfugié en France, il risque l’extradition vers l’Italie.

À quelques jours de la tenue du G7 à Biarritz, un militant est donc incarcéré pour sa participation à un contre-sommet ayant eu lieu 18 ans auparavant ! Pourquoi maintenant si ce n’est pour faire un exemple ? Et quel intérêt si ce n’est de créer justement une mobilisation autour du G7 à venir ?

Pour rappel, les manifestations à Gênes en 2001 ont été violemment réprimées par la police. Des actes de torture ont même été recensées. À tel point que l’ONG Amnesty International a qualifié la répression de « plus grande violation des droits humains et démocratiques dans un pays occidental depuis la Seconde Guerre Mondiale ». Les peines encourues par Vincenzo ont été prises à partir d’un code de la loi datant du régime de Mussolini qui permet de condamner à des peines de prison de 8 à 15 ans les auteurs de dégâts matériels. Être présent suffit même au titre de « concours moral ». C’est ce qui est arrivé à Vincenzo.

Hier, 19 août, se sont tenus partout en Bretagne (Rochefort-en-Terre, Brest, Lorient, Rennes, Guingamp, Nantes (photo), Pontivy, Auray, Morlaix, Langon, Saint Malo, Douarnenez, Fougères, Saint Brieuc…) des rassemblements de soutien dans la précipitation. L’UDB y participait. L’objectif est d’empêcher le renvoi et de retarder la procédure afin de donner le temps à Vincenzo, « cueilli » un matin en allant au travail, d’avoir une défense digne de ce nom. Des comités de soutien devraient naître afin de récolter des fonds servant à payer ses frais de justice.

En extradant Vincenzo, Emmanuel Macron romprait un accord tacite né sous François Mitterrand envers les militants d’extrême-gauche italien poursuivis lors des années de plomb. Le fascisme a bonne mémoire et le Président de la République française qui s’est toujours illustré comme étant un rempart à l’extrême-droite s’apprête à extrader dans l’Italie de Salvini un ressortissant européen dont le tort est d’avoir exercer son droit de manifester. Bravo le pays des Droits de l’Homme !

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]