Les maires qui refusent de se laisser dicter leur conduite par l’État sont plutôt rares. Parmi eux, le maire de Langouët : Daniel Cueff. Connu pour son engagement écologiste, le maire a su faire de sa commune un vrai laboratoire de l’action politique. Lors de la marche contre Monsanto, à Lorient, en mai dernier, l’un de ses adjoints avaient annoncé qu’il avait pris un arrêté pour interdire l’usage des pesticides à moins de 150 mètres des habitations ce qui revenait peu ou prou à supprimer son utilisation dans la commune. La préfète lui est tombé dessus !
Le 27 mai, Mme Kirry, préfète de Bretagne et d’Ille-et-Vilaine, a sommé le maire de retirer son arrêté estimant que celui-ci était illégal et que le danger phytosanitaire n’était pas avéré. Dans un long courrier de 7 pages daté du 20 juin, Daniel Cueff défend sa position et refuse de se plier aux exigences de la représentante de l’État. Il démonte les arguties juridiques de la préfète, articles de loi à l’appui, osant même lui rappeler les articles 72 alinéa 2 et 3 de la Constitution française qui parle de subsidarité et de libre administration des collectivités territoriales pour l’exercice de leurs compétences.
L’élu développe ensuite une argumentation précise et motivé pour son choix en évoquant les problèmes sanitaires que l’usage des pesticides peuvent provoquer. « Les circonstances locales découlent d’une part de la configuration de la commune dont la plupart des lieux d’habitation ou professionnels sont exposés aux épandages de produits phytopharmaceutiques, ainsi que souligné aux considérants n°9 et 16 de mon arrêté, et du haut degré de conscience de la population de la commune sur les risques encourus ».
Une partie de la population de Langouët a en effet participé à l’action organisée par les « pisseurs involontaires de glyphosate » et les résultats présentés ont présenter un taux très supérieur à celui qui est autorisé dans l’eau potable. « Vous ne pouvez ignorer que le caractère de perturbateurs endocriniens de nombreux produits phytopharmaceutiques, jusqu’ici non étudiés sous cet angle, est désormais confirmé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), qui a décidé de s’auto-saisir de la question pour réexaminer les autorisations de mises sur le marché précédemment délivrées, à la suite de l’adoption d’une réglementation européenne sur les perturbateurs endocriniens », poursuit le maire.
Daniel Cueff motive surtout sa décision sur le sentiment de ses concitoyens. « Vous devez également comprendre à ce sujet, qu’à chaque fois qu’un produit est retiré du marché, la population se rend compte qu’elle a été utilisée comme cobaye et s’interroge sur les effets chroniques à venir ». Les habitants de Langouët, serait, selon le premier magistrat de la ville, « devenus, bien malgré eux, des experts en pesticides ». Refusant de mentir à la population, le maire amorce donc un bras de fer juridique avec l’État. Le Peuple breton sera derrière lui.