Le centre de musique traditionnelle Y. Palamour, placé sous la direction de Fabrice Lothodé, fonctionne au sein de Ti Douar Alre depuis 7 ans maintenant. Il accueille des sonneurs (de couple, en particulier) de biniou et bombarde désireux de perfectionner leur technique et propose, outre des cours individuels hebdomadaires, des stages, des rencontres avec des spécialistes de la musique, du chant, de la danse… ceci pour favoriser tant l’acquisition de compétences techniques que l’ancrage, par la transmission, dans une tradition vivante. La master-class du 8 juin – ainsi que celles qui l’ont précédées cette année – se place dans cette perspective. Rencontre avec Daniel Carré.
Une journée autour des chants de déserteurs : un clin d’œil à Boris Vian ?
Pas du tout ! La tradition bretonne chantée du pays de Vannes – et donc d’Auray où nous sommes – compte justement plusieurs chants qui mettent cette question en avant ; des chants – une forme de « gwerzioù », de complaintes – qui racontent des faits, campent des hommes qui ont été des déserteurs et qui, par leur destin extraordinaire, ont inspiré leurs contemporains. Les chansons, composées sans doute dans les années 1830-1850, sont toujours connues et interprétées, les airs sur lesquelles elles sont chantés sont immédiatement reconnus… La tradition est passée.
Quel est précisément l’objectif de la journée ?
Il s’agit d’un stage un peu particulier puisqu’il prendra la forme d’une master-classe. L’objectif est d’offrir la possibilité aux participants de partager directement les connaissances, le savoir-faire de spécialistes, de travailler avec eux. Plus qu’une introduction à une technique, à un domaine, c’est un approfondissement, un élargissement. Un passage de tradition.
La journée sera animée par un duo : André le Meut pour les aspects musique et chant (interprétation, couleur musicale, différentes versions collectées, etc.) et moi-même pour aborder les textes (langue, versification…) et contextualiser la composition (histoire, sociologie…) ; il fera revivre le temps des déserteurs, des réfractaires et autres « brigands » locaux au temps du roi Louis-Philippe. Chanter, bien sûr, mais aussi mieux comprendre ce qui se cache sous les paroles et les airs afin de mieux interpréter ; aller au-delà des mots.
Ces complaintes sont bien entendu en breton. Les participants devront donc maîtriser cette langue ?
Non, pas nécessairement : la langue de travail sera le français. Chanter n’est pas parler ! Bien des gens chantent dans une langue qu’ils ne… parlent pas. Quatre complaintes populaires seront présentées, contextualisées, travaillées dans leurs diverses versions recueillies (textes, airs) : M’ami Mandart, Mathurin Lamour, Mab kloc’hour Melrand, René ar Gwenn.
Est-ce qu’il est prévu de réserver un temps à la composition d’autres complaintes sur le même type mais en rapport avec des faits actuels ?
Ce n’est pas l’objectif. Cela dit, on peut aussi voir cela comme une introduction au style de la gwerz, de la complainte aujourd’hui un peu oublié aussi bien en breton qu’en français.
Des détails pratiques à ajouter ?
Rendez-vous le samedi 8 juin à 9 h 30 salle de la Madeleine à Pluvigner. Les participants doivent s’inscrire au préalable au 02 97 78 41 40 ou à degemer@tidouaralre.com
N’oubliez pas d’apporter vos pique-nique pour la pause de 12 h 30 à 13 h 30. La master-klass se terminera à 16 h 30. Le prix est de 20 €, 10 € pour les adhérents et gratuit pour les élèves du Centre de Musique Yvon Palamour et de l’école Jean Claude Jégat.