La troupe de danse Eostiged ar Stangala (les Rossignol du Stangala) vient de Quimper, de Kerfeunteun plus exactement. L’an dernier, un film de Maud Calvet et Joachim Bouyjou, Mon costume glazik, retraçait la conception de leur dernier spectacle, Nask.
« Quand tu dis à des gens qui ne connaissent pas que tu fais de la danse bretonne (…) ça paraît hyper ringard et on a du mal à leur expliquer que ce n’est pas ce qu’ils pensent », débute Orlane. Elle-même n’est pas issue du monde traditionnel et avoue dès le début du film – mais en chuchotant quand même – qu’elle « n’aime pas trop la danse bretonne » ! Curieuse amorce pour aborder un documentaire sur la troupe de danse bretonne Eostiged ar Stangala.
Depuis 1948, la troupe produit des spectacles de danse. Mais depuis les années 60, elle s’émancipe des codes de la danse traditionnelle bretonne pour la faire évoluer… ce qui ne plaît pas toujours aux gardiens du temple ! On suit dans ce documentaire l’évolution et la création du spectacle Nask, l’histoire d’un loup qui accepte la domestication pour survivre. Passer du « sauvage » au « civilisé », d’une époque à une autre, du traditionnel au contemporain, de nombreuses questions planent autour de Mon costume glazik. Des questions que se posent les Bretons et singulièrement les danseurs et danseuses des cercles celtiques : où commence la tradition ? Et peut-on la faire évoluer ? Comment faire avancer la culture avec la société ? Pourquoi ma grand-mère avait le droit de faire évoluer son costume et pourquoi moi ne l’aurais-je pas ?
À travers ce documentaire très esthétique où des masques de loup en carton côtoient des costumes sublimes, on mesure à quel point la danse bretonne est au fond une danse parmi tant d’autres. En voyant un spectacle, on oublie parfois que quelqu’un l’a imaginé, en a pensé chaque chorégraphie. C’est ce travail, notamment de Gwenaël Le Viol, que l’on suit.
Hommes ou femmes, grands ou petits, jeunes ou moins jeunes… Mon costume glazik réussit la prouesse de mettre le doigt sur ce qui fait de nous des Bretons, des personnes singulières qui vivent avec leur temps. Il ne s’agit pas de la perpétuation d’un folklore, mais bel et bien de notre capacité à être ensembles. Pour vivre et danser. La puissance du collectif des Eostiged est vraiment une belle démonstration que oui, il existe bien un peuple breton !