Réunification. Non au droit d’option, mais oui au référendum

« Le département s’en lave les mains » dit la fédération UDB de Loire-Atlantique. C’est en effet l’impression que cela donne puisque le souhait d’une consultation réclamée par l’association Bretagne Réunie a été envoyée à l’Élysée. Ce matin, un débat avait malgré tout lieu… avec un niveau politique digne des propos de comptoirs !

Il aura donc fallu 100 000 signataires pour que le département de Loire-Atlantique se décide à débattre de ce sujet jugé habituellement non prioritaire, quand ce n’est pas « passéiste ». Tellement peu important donc qu’il mobilise des militants de Loire-Atlantique pendant des mois et parvient (pour la première fois en France) à atteindre l’objectif fixé par le législateur pour obliger une collectivité à mettre ce sujet à l’ordre du jour de son assemblée.

Bref, le président du Conseil départemental, Philippe Grosvalet a ouvert le débat ce qui a permis à chacun de s’exprimer. Le niveau des interventions témoigne du travail de pédagogie qu’il reste aux militants à faire : « recul identitaire », « qui va payer ? », « la Loire-Atlantique n’est pas que bretonne », « le rattachement appauvrirait Nantes », « je me préoccupe de l’avenir »… On retiendra surtout que les conseillers départementaux étaient mal à l’aise pour s’exprimer car, selon eux, ils n’avaient pas mandat de leurs électeurs. A l’instar de Claire Tramier (EELV) qui s’est abstenue sur une consultation des électeurs sur la réunification car « ce débat n’a pas été posé lors [des élections départementales] ». Elle a visiblement oublié qu’elle a été élue au 2nd tour avec les voix de l’UDB au terme d’un accord électoral.

La question du périmètre reste l’épine majeure dans le pied des conseillères et conseillers. Ainsi, pour beaucoup d’entre eux, la question des frontières est dépassée. On s’étonnera alors sur le fait qu’ils campent sur celles des Pays de la Loire ! De même, beaucoup ont défendu avec force l’existence de l’actuelle région des Pays de la Loire pour ensuite faire un plaidoyer pour… le Grand Ouest ! Logique. La réalité, c’est que les élus, principalement nantais, de droite comme de gauche, préfèrent jouer la carte métropolitaine et se moquent bien des territoires les environnant. Ils sont en réalité les idiots utiles du centralisme car la métropolisation ne sert que Paris.

Résultat des courses : 13 pour, 30 contre, 15 abstentions et 4 non participation au vote pour le droit d’option (réclamant le rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne) et 55 pour, 3 contre et 3 abstentions pour le vœu sur le référendum. La question du périmètre a été écartée bien que beaucoup ont voté pour une consultation très large (deux régions). La demande formulée par Bretagne réunie n’a donc pas été respectée et la patate chaude est au niveau de l’État. D’après nos informations, ils se brûlent les doigts avec eux aussi !

Note : un article plus détaillé sera disponible dans le prochain numéro du Peuple breton (janvier).

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> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]