Le 13 octobre dernier, une manifestation avait opposé deux camps, xénophobes contre humanistes solidaires, dans cette petite commune à l’ouest du Pays de Redon au sujet d’un accueil de 20 jeunes « migrants » mineurs, devant être accueillis dans l’ancienne gendarmerie désaffectée, déménagement du territoire oblige. Ce centre vient d’être incendié.
Étrange échauffourée totalement démesurée, entretenue par un dispositif policier surréaliste de 10 cars de bleus aux ordres, s’efforçant d’empêcher un face à face entre les organisateurs du RN, à l’origine de la protestation et les « gars-ce-s » du coin. Têtes de porc pourries fichées sur les grilles, tags xénophobes sur les murs, propos anti « invasion » à l’emporte pièce. Du grand guignol nauséabond abondé par les quelques bas du front locaux qui entretiennent la trouille entre citoyens dans les campagnes exsangues. En face d’une cinquantaine de fachos « immigrés » d’ailleurs et de gens du coin paumés juste inquiets, flanquée d’un service d’ordre musclé et violent, 350 citoyens partageant des valeurs humanistes rassemblés en quelques heures juste par les « réseaux » de solidarité habituelle. Toujours rassurant.
Mais ce dimanche dernier au soir, le 9 décembre, vers 21h, veille de l’accueil des dits « migrants », un incendie volontaire s’est déclenché dans les locaux destinés à accueillir les supposés « terroristes en herbe ». Les voitures de l’association Sauvegarde 56 qui œuvre à l’installation ont également eu les pneus crevés. Des le lendemain matin, les réseaux locaux, issu de cette mouvance bretonne locale gauchiste et tous azimuts, ont diffusé un mot d’ordre de rassemblement, « d’être nombreux-euses à les accueillir avec des soupes du thé, du café, et la chaleur de nos cœurs contre la haine de ceux qui n’en n’ont plus… »
« Bretagne est Univers » une fois de plus sur le terrain. Quelque 200 personnes ont répondu à l’appel dans les quelques heures qui ont suivi. Même le maire de la commune, par ailleurs président de la communauté de communes de Redon-agglomération, J.F. Mary, s’était déplacé pour une fois devant l’urgence, et a « rappelé » publiquement ses convictions de solidarité nécessaire, « d’une commune pacifique et accueillante ». Dont acte. À vérifier sur le long terme. Renvoyant malgré tout son contentieux ancien de la responsabilité du CD 56 sur l’affaire en absence de concertation. La patate chaude habituelle de qui ne tient pas à assumer des responsabilités basiques. Drôles de petits mondes en petits fiefs. Étrange démocratie, même locale. Symptomatique.
Quant aux jeunes réfugiés, l’accueil est suspendu momentanément suite à la plainte déposée par le CD 56. Enquête en cours, qui pourtant moins médiatique devrait ne pas être la plus difficile des traques… Question de société, bretonne ou plus largement : d’un monde de prédateurs pré-paléolithiques ou d’une conscience collective d’une planète solidaire à reconstruire ensemble. Et d’une longue Histoire avant tout commune.