L’agroforesterie comme solution contre le réchauffement climatique

Hier soir la section UDB Ouest Cornouaille organisait une conférence à Pouldreuzic dans le pays Bigouden sur le thème de l’agroforesterie. Alain Retière, agronome et écologue, spécialiste de la récupération des terres dégradées, a présenté pendant 1h15 le bien-fondé de cette méthode d’utilisation des terres. Une stratégie trois en un selon lui : elle apporte la souveraineté alimentaire, elle sauvegarde la biodiversité et permet la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Dans un premier temps l’expert international a présenté les causes du réchauffement climatique pour mieux expliquer à quel niveau l’agroforesterie pourrait résoudre en grande partie ce problème si elle était généralisée à l’échelle mondiale. Un tiers des gaz à effet de serre est lié à la gestion des sols au niveau planétaire. Pour s’en sortir et limiter le réchauffement il faudrait diminuer par trois l’utilisation des énergies fossiles et multiplier par deux la biomasse. C’est sur cette dernière que l’agroforesterie peut apporter une réponse. Alors qu’est-ce que c’est finalement ? Il s’agit de manière assez simple de replanter des arbres, en grande quantité, de manière plus ou moins artificielle, c’est-à-dire qu’ils vont être agencés de manière à ne pas concurrencer les cultures agricoles et à préserver les sols. Et les essences d’arbres seront choisies avec soin en fonction du milieu.

Il y a plusieurs bénéfices à avoir des arbres autour de ses champs. Ils empêchent l’érosion des sols, les stabilisent. Ils agissent comme des pompes à nutriments avec leurs racines ce qui est favorable aux sols et aux plantes. Ils captent évidemment le CO2 ce qui permet d’en stocker plus. Ce sont également des lieux de vie pour les animaux et insectes. Les ennemis des pathogènes y trouvent un lieu de vie ce qui limite l’utilisation de pesticides puisqu’ils vont pouvoir faire le travail des pesticides. Les champs ouverts sur des kilomètres n’ont pas cette protection naturelle. Et l’INRA a pu mettre en évidence à travers plusieurs études que la production des champs agroforestiers est supérieure de 1,3 à 1,5 fois plus que les champs conventionnels, les rendements stagnent depuis les années 1990. C’est grâce à l’optimisation des arbres que cela arrive. Pour éviter la concurrence entre les arbres et les cultures, les racines des arbres sont tranchées jusqu’à un mètre de profondeur pour laisser la place aux plantes, au-delà de cette distance elles sont libres de se répandre.

L’échelle la plus intéressante pour mettre en place l’agroforesterie est celle du terroir, au minimum celle de plusieurs exploitations. Il faut une collaboration étroite entre les exploitants pour être efficace. Et il faut des aides, financières et techniques, des collectivités et des structures agricoles. Aujourd’hui 126 pays participent au programme des Nations Unies pour la neutralisation de la dégradation des terres, en expérimentant l’agroforesterie. La France n’en fait pas partie, et sur ce sujet-là aussi elle accumule du retard alors que d’autres pays semblent déjà en tirer profit, notamment en Afrique et en Amérique du Sud.

La conférence a donné suite à une discussion fort intéressante entre les personnes qui étaient venues, au nombre de 70, et le conférencier. Une vingtaine de personnes souhaiteraient mettre en place un collectif dans le pays Bigouden pour la plantation d’arbres. Une expérimentation qui pourrait être très intéressante, même si les bénéfices à venir mettront du temps à voir le jour, 10 ans au minimum selon les arbres.

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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