Une « ancienne gendarmerie » dédiée à l’accueil d’une vingtaine de migrants mineurs fait l’objet d’affrontements entre « pro- » et « anti- », ce samedi 13 octobre dans le petit bourg d’Allaire (56), en périphérie de Redon. 300 manifestants d’un bord et une petite centaine de l’autre, ont été séparés par un dispositif de gendarmerie impressionnant. Reportage de l’« intérieur », face à la version officielle dudit Ministère… Point de vue partisan et assumé.
À l’origine de l’affaire, la décision récente du Conseil départemental du Morbihan d’accueillir quelque 400 migrants dont une vingtaine de mineurs dans une partie des locaux désaffectés de la gendarmerie d’Allaire, commune de près de 4000 habitants (voir ici). Une affaire qui sert d’os à ronger à un « Rassemblement National » et sa fachosphère, notamment un élu local RN de Rieux, commune limitrophe, et l’opposition du maire de la commune, Jean-François Marie, également Président de le Communauté de Commune du Pays de Redon, sous prétexte de manque de concertation entre caciques. Comme si l’urgence humanitaire devait par principe se déplacer vers des susceptibilités de burlingues et leurs petits chefs. On devient si facilement complice par veulerie. Comme en 42…
Dans le vide de courage et de l’(im)posture attendue d’un élu de ladite « république » déliquescente, les loups s’engouffrent… « Un tract digne des meilleures Nuits de Cristal », commente un responsable culturel important du pays, en vérité une prose nauséabonde qui n’aurait pas bougé d’un ausweiss, pétrie de messages de haine de l’autre et de boucs émissaires à immoler, et distribuée en amont sur la petite commune puis le samedi matin sur la grand-place de Redon à quelques kilomètres.
Sur le tas
Un rassemblement dûment déclaré en sous-préfecture – pourtant si tatillonne quand il s’agit de « répondre » à l’événement – encouragea ainsi la guerre des clans à défaut de l’esprit républicain qui devrait pouvoir encore mettre des mots avant les armes. Et une contre manifestation organisée « à l’arrache » sur réseau SMS par les forces vives et non mortifères du coin, tous gens de gauche confondus sauf ceux qui ont pignon et « parti » sur rue. Mais pas « déclaré »… La politique citoyenne est désormais le fait de gens « autonomes », éventuellement autonomistes, qui ne s’encartent plus nulle part tant la défiance est grande face aux trahisons récurrentes et s’organisent sur le tas. Bilan : 250 selon la police – entendu en espionnant un talkie-walkie – et 300 selon les « partisans ». Normal : ça varie toujours d’un bon quart, mais mobilise quand même 10 cars, ou plutôt fourgons de bleusaille avec chiens à l’appui. Ça rigole pas entre deux ! L’État a peur au final des conséquences médiatiques de ses conneries.
En arrivant au bourg, le dispositif policier est impressionnant. Deux fouilles de véhicule à l’entrée sur 500 mètres, du bleu partout comme au pays des Schtroumfs du ciboulot, du noir sur certains uniformes qui ont troqué leurs matraques et boucliers de plastoc contre des fusils mitrailleurs dont la marque est un « secret des affaires ». On se sent en sécurité ! Du jamais vu de mémoire de vieux militant, à part à Notre-Dame-des-Landes juste à côté, où ce fut la vraie guerre – oui la vraie – avec armée française d’occupation dans les Sudètes, et encore « des pierres contre des fusils » en face.
Là, juste une quinzaine fachos de service au départ, même pas du coin, mais organisés, rassemblés pour semer le trouble dans les esprits loin des mondes galopants et la haine de l’autre, justement parce qu’il est inconnu et qu’on a même pas deux neurones pour aligner deux mots de bienvenue, de « Degemer mat » de convenance, voire de dite « charité chrétienne », devant ladite gendarmerie, qu’ils ont préalablement bombés de « Non à l’invasion » et de têtes de cochon. Un porc n’est pas ici non plus que la bête à saucisses et fricot, mais bien un vieux fond commun d’infamie partagée par chaque monothéisme qui voudrait bien s’ignorer. Malgré leur volonté de foutre la merde et d’entretenir le trouble, ils ne dépasseront pas les 100 en cœur de manif.
Les anti-fachos se rassemblent eux devant la Mairie, lieu censé de rassemblement républicain, mais vide et fermée bien évidemment tant son occupant est courageux, sous les slogans de « pas de fachos dans nos campagnes ! » ou « nous somme 7 milliards de migrants ! ».

Sur le front
Tout le monde, de 7 à 77 ans comme des Tintin contre Rastapopoulos, se fait la bise. Le ton est donné. On déclare à France Info : « L’important c’est de cesser de parler de « migrants », mais plutôt de « réfugiés », climatiques ou politiques, qui n’ont pas eu la chance de se noyer en Méditerranée parce que nous exportons nos guerres de subsistance ! Nous sommes les responsables par défaut ! Et la Bretagne a toujours été une terre de migration et d’accueil, et s’est enrichie de cela… » D’un côté le discours de haine binaire à la mode ce que la dite « nation » basée sur l’unique et l’indivisible de l’« esprit » de caserne, de qui n’a pas encore accédé à la conscience de la planète, voire encore moins de l’Humanité basique et essentielle, de l’autre les partisans de tout ce qui pousse, arbres et poils compris sur la goule et ailleurs…
De 14h à 16h, ce fut un ballet improbable mené par des cordons de flics : les fachos, campés devant leur symbole d’autorité « théorique », la gendarmerie désaffectée, que certaines mauvaises langues auraient tendance à croire commune avec un souvenir d’état autoritaire. Les uns braillant devant la cordonnerie en bleu leur droit de manifester leur opinion, mais bloqués par ces ânes bien bâtés réagissant aux ordres, immobiles comme s’ils avaient un wagon de juifs à transférer : la consigne était que les opinions ne s’affrontent pas, même cloisonnés de chaque coté d’un cordon de CRS. On éloigne à coups de barrières en bleu le débat, l’affrontement possible.
Chaque camp tentant de briser le mur du silence, passer entre les rangs de bouliers et de matraques, pour au moins s’engueuler aussi vertement que la campagne autour. Grave constat de l’état de ladite « république » déliquescente : plutôt enfouir ses déchets que de les recycler in vivo. Les irresponsables sont bien au pouvoir… dépassés. Les mots mêmes leur font peur car il ne les ont plus. Et les dits « élus du peuple » toujours absents, parce que sans mots non plus, de ces tremblement qui secouent la société, avant le séisme d’une fois de plus une « solution finale » à la tête des nostalgiques du « pur » et dur… Putain, ça craint : dans les rangs, il y a bien des démocrates comme moi qui préféreront la pêche en Vilaine à la sodomie passive aux prochaine élections…
Sur la fin
La fin de la manif est juste risible du faux semblant orchestré d’en « haut », si bas d’esprit, à savoir « pas de vague », mais il y en a eu : « surtout pas de violence ! », dit le « chef », « on n’est pas assez nombreux ! », entend-t-on répondre des talkies bleus mais blancs sans rouge. Quelque part on rigole autant qu’on s’inquiète : au bas mot entre 100 et 200 flics pour maîtriser quelque 400 manifestants. Cinq fourgons viennent d’arriver en renfort. Mais là, c’est une bagnole qui a tenté de traverser la foule des antifas confinés devant la « maison du peuple » dite « Mairie », juste comme dans les fantasmes véhiculés par la presse désormais toujours à sensation, et qui vient de faire rageusement demi tour. Ça craint. Ça énerve…
Puis un excité en noir cagoulé qui traverse le cordon « sécuritaire » pour taper du gauchiste avec sa matraque sortie d’un stock déjà vu chez les bleus. Croche-patte des costumés, de service, lacrymos qui viennent des flics repoussent l’échauffourée, ça recule, mes camarades reniflent, une gamine tousse très fort. Suffoquée. Première expérience de la démocratie. De l’autre bord du cordon sanitaire, les fachos se sont infiltrés, mais comment ? Avec quelle autorisation vu un tel dispositif ? Un autre excité du coté des flics se met à brandir une « Kroaz-Du » ornée d’un Dragon Rouge, un de ces bas du front, « bras du Front », qui pompent jusqu’à l’essence même de notre Bretagne-Univers. J’agite le seul drapeau qui me semble d’équerre et que mes camarades acceptent aussi contre les identitaires et leurs identités imperméables : le Gwenn-ha-Du Pirate de Disuj. Puis le service d’ordre des fachos, chemises noires et brassard rouge qui passe devant, comme encadré par les bleus. Avec bombes de lacrymos à la main. Là, ça gueule fort de notre côté : « Pas de fachos dans nos campagnes ! » Tout le monde se demande pourquoi le cordon sanitaire n’a été perméable que dans un sens et que des cerveaux droits hémiplégiques soient venus ostensiblement provoquer sous protection apparente des flics.
Là, Mireille, la porte parole de la LdH locale les engueule parce que ça déborde avec ces playmobils robocopés sans cerveau apparent. Énergie inutile : deux heures à négocier, on la comprend. « Vous êtes là pour maintenir un ordre républicain ! Pas pour soutenir les fachos pour lesquels tout le monde sait que vous votez ! » Silence dans les rangs en face. Aveu ou discipline ? Ils sont aux ordre, même si certains ont cédé à nos avances gentilles et moqueuses et sourient parfois. Deux heures de temps : l’humour est l’arme des gens qui réfléchissent, quant à la matraque, points de suspension… Ils ont passé tout ce temps aux ordres, aux frais du contribuable, de quoi financer une horde de migrants pour en faire du citoyen, à jouer entre gros bras et indics et tenter de remplir un « objectif » d’en haut : « enfouir », ne surtout pas réfléchir ni débattre. C’est bien dans ce monde de silence imposé par des incapables que nos démocraties coulent leurs derniers jours.
Souvenir de deux RG mâles et femelle bien propre sur eux, si collants que l’on fuit direct, qui se la jouaient touristes perdus entre les deux camps, cherchant, à défaut de « chef » ou « responsable » ou « porte-parole », un intermédiaire pour causer aux flics. J’aurais pu, j’ai décliné : chacun sa merde. Il étaient gentils en fait, pas payés pour réfléchir, juste comme à Auschwitz, mais de ceux qui tentent d’ouvrir les wagons : la comparaison peut sembler excessive, mais comme le dit le proverbe « qui vole un œuf vole un bœuf ». Et présentement, entre l’Allemagne et le Brésil, et quand bien même les gars de la Marine sont embourbés, y’a l’air du temps qui pue grave. De repli identitaire alors que justement cette Bretagne « est » Univers… Et ceux qui se la jouent « c’est pas moi », je suis un juste un élu donc je ferme ma gueule, sont implicitement complices…
Sur le fond
Ce qui se joue ce jour à Allaire n’est pas une anecdote, mais un remake effrayant de l’Histoire. Un microcosme en caricature. Ça pue fort ! Un « État » français déliquescent, basé sur un théorie égalitariste monolingue et si bêtement mono-culturelle loin du monde, qui n’a plus d’autre recours que d’envoyer ses flics pour taire un débat de fond. A laquelle seuls des ânes mélenchoniens ou mariniens, national-socialistes ou social-nationalistes, tentent de faire mine de recourir pour colmater le Radeau de la Méduse, au lieu de concevoir et promouvoir une République plurielle et divisible. Des cons hélas de chaque côté, face à un « système » plombé par la finance, relayée par les fachos hitlériens, qui aurait pu s’appeler Krups ; une société en perte de repères, amnésiée de toute culture politique parce que la finance médiatique en a plus peur qu’elle n’en a les moyens intellectuels ; des rats qui font mine de sauver le navire avec les premiers du canot frappant des rames sur les naufragés autour, grande classe !
Et surtout des élus absents, ce sont ceux là les vrais coupables de déni à secouer ou dégager parce que la démocratie est aux mains de leur petits équilibres de confort : par manque de couilles ou d’ovaires, de simple conscience qu’ils ont été élus d’abord, et même par 50 % de 40 % de la société qui n’y croit plus, pour porter des valeurs en mesure de faire que ce monde puisse être digne de nos enfants. Abonnés absents. Constat minable ! Pendant ce temps là, des potes et leurs gamins se font agresser devant l’église d’un bourg de campagne par quelques allumés aux bras levés déclarant « Nous sommes National et Socialiste (s) !» Ça fait pas réfléchir l’édile courageux et muet resté chez lui à compter les coups ? Jamais sa commune n’a été pourtant autant visitée…
Pour en finir…
À force de servir de caution à une panne de démocratie financière… À force pour ceux là aux mandats toujours renouvelables et évanescents, de jouer aux apprentis sorciers au profits immédiats, de diviser pour mieux régner, de balancer les uns contre les autres pour se faire des paradis éphémères de caïmans sur un fond de fin du monde à inonder les plages résiduelles, il ne reste plus qu’à envoyer les flics pour empêcher une confrontation qui pourrait être violente, donc médiatiquement nuisible dans un monde du paraître. Faute de mots. Constat grave de l’état du monde… Gros jeu. Gras et gris aussi pour accompagner les grues des chantiers dits publics. Enfouir comme des incapables d’assumer : la responsabilité politique de circuit court est bien au cœur d’un débat dont les flics, même si j’aurais honte d’avoir aliéné ma propre liberté de pensée à mes revenus d’existence, ne sont que de vulgaires fonctionnaires…
D’un point de vue très partisan car il en faut et plus que nécessaire, on est quand même en devoir de constater que le peuple d’ici, coude serrés et têtu, aguerri à défendre les droits sociaux et de l’homme de manif en manif, a gagné une bataille de plus : faire la nique aux fachos organisés et bassement financés … Et vive l’insurrection nécessaire. Ne serait-ce que pour ses propres enfant ! Un médecin du coin, gazé pendant l’échauffourée commente : « l’important c’est d’avoir été là plus nombreux et de montrer tant à ces bas du front qu’à ces élus incapables que rien ne peut passer par la force. La nôtre est plus forte, citoyenne et fondée et c’est celle des solidarités. »
De vraies « Républiques plurielles », bretonnes ou autres on s’en fout, loin des replis identitaires mais des identités fondées, fondues, fondantes, perméables et partageuses, jamais aseptisées au binaire clandestin du bitcoin ou du profit mondialiste. À réinventer… ? Rêvons !
autres sources :