Un 8ème groupe à l’Assemblée Nationale : Libertés et Territoires

Partout en France, les autonomistes l’attendaient depuis des mois, mais il n’avait pas pu se faire lors de la première rentrée parlementaire faute de temps : le huitième groupe de l’Assemblée Nationale ! Un groupe assez hétéroclite composé entre autres de Paul Molac (député de Ploërmel) et des trois députés autonomistes corses. Au total, il est composé de 16 élu(e)s qui vont bénéficier de moyens et pour certains (les non-inscrits) de plus de temps parole.

Outre les autonomistes marqués (Paul Molac, Jean-Félix Acquaviva, Michel Castellani, Paul-André Colombani), on retrouve dans ce groupe coprésidé par Bertrand Pancher (qui siégeait avec l’UDI) et Philippe Vigier (UDI) Sylvia Pinel, Jeanine Dubié et Olivier Falorni (Mouvement radical), Sylvain Brial, député de Wallis et Futuna, Jean-Michel Clément et M’jid El Guerrab (ex-LREM), François-Michel Lambert (LREM), François Pupponi (ex-PS), Charles de Courson et Yannick Favennec (UDI). À première vue une sacrée armée mexicaine donc !

Qu’est-ce que ces députés de divers horizons peuvent-ils avoir en commun ? D’abord l’envie de défendre leurs territoires face à une pratique du pouvoir jacobine donc autoritaire. Dans son communiqué, Paul Molac explique que « le gouvernement actuel est davantage dans une phase de recentralisation qui va à rebours des désirs d’une grande partie de la population bretonne et qui est contre-productive au niveau du développement économique local ». Il ajoute que « c’est pour peser dans le débat parlementaire sur les questions de ruralité, d’urgence écologique, de justice sociale et de subsidiarité européenne que ce groupe s’est constitué. » Une base programmatique minimum donc qui permet à ce groupe technique de s’entendre au-delà des clivages politiques et qui donne une feuille de route à ce groupe.

Si chacun garde son obédience, on mesure ce que pourrait donner des assemblées élues à la proportionnelle : plus de groupes votant librement en fonction des sujets et non en fonction d’une loyauté à un parti politique ou à une majorité. Il n’y a qu’ainsi que le clivage droite-gauche pourrait être estompé (« estompé » car il ne cesserait pas d’exister pour autant). Le député Jean-Michel Clément a affirmé que ce groupe n’est « ni une béquille ni un groupe d’opposition ».

À vrai dire, c’est sans doute la première fois de l’Histoire de l’Assemblée Nationale qu’un groupe politique se créé sur une base territoriale. On peut néanmoins s’attendre à quelques votes libres (indépendants) dans ce groupe qui s’est intitulé « Libertés et Territoires ». Il est vrai que c’est un premier essai, qu’il ne s’agit pas d’un groupe d’autonomistes, mais plutôt d’autonomes (pour de bonnes et de mauvaises raisons). En tout cas, c’est un coin enfoncé dans le jacobinisme français qui s’installe en plein cœur du pouvoir parisien, ce dont on ne peut que se réjouir. Espérons qu’il agrège de nouveaux députés réellement convaincus de l’importance de la démocratie locale d’ici la fin de la mandature.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]