Le Peuple breton vous tient régulièrement au courant de l’actualité concernant Monsanto, via le « mariage du siècle » Monsanto-Bayer, via l’Agence Européenne des Produits Chimiques qui exonère le glyphosate de tout risque cancérigène, ou via la lutte entre le Parlement européen et les lobbies sur l’interdiction ou pas du dit glyphosate. Une nouvelle fois, l’actualité nous donne l’occasion d’en parler…
Coup de tonnerre ! Une bonne nouvelle nous arrive pour une fois des USA qui, il faut bien le dire, ne sont jamais à une contradiction près. Monsanto vient d’être condamné – et pas qu’un peu – par la justice américaine ! « Le jury d’un tribunal de San Francisco, nous dit le journal Le Monde, a condamné vendredi 10 août, le géant américain de l’agrochimie Monsanto à payer 289,2 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité du Roundup, son herbicide à base de glyphosate, à l’origine du cancer d’un jardinier américain. Les jurés ont déterminé que Monsanto avait agi avec « malveillance » et que son herbicide, ainsi que sa version professionnelle RangerPro, avaient « considérablement » contribué à la maladie du plaignant, Dewayne Johnson ».
La catastrophe pour le géant de la chimie est que le tribunal dénonce nommément le Roundup, le nom sous lequel Monsanto commercialise le produit, et non plus simplement sous le nom de glyphosate, comme le fait le Parlement européen. Bien sûr, Monsanto fait appel et publie un communiqué : « Nous ferons appel de la décision et continuerons à défendre vigoureusement ce produit qui bénéficie de quarante ans d’utilisation sans danger et qui continue à être un outil essentiel, efficace et sans danger pour les agriculteurs et autres usagers ».
Le problème pour la firme est qu’il y a 4000 cas semblables avec des procès en cours sur le territoire des États-Unis. D’autant qu’en plus – et c’est encore Le Monde qui nous en fait part – « Nous avons enfin pu présenter au jury les documents internes tenus secrets par Monsanto prouvant que la société savait depuis des décennies que le glyphosate, et en particulier le Roundup, pouvait être une cause de cancer, a déclaré Brent Wisner, l’un des avocats de M. Johnson à l’audience. Nous sommes fiers qu’un jury indépendant, en dépit de l’échec de l’Agence de protection de l’environnement à exiger un étiquetage adéquat de ces produits, ait suivi les éléments de preuve présentés, et use de sa voix pour dire à Monsanto que les années de tromperie sur le Roundup sont derrière nous. »
Pendant ce temps, en Bretagne, rappelons que des Faucheurs volontaires passent au tribunal pour avoir osé badigeonner dans une jardinerie les étiquettes de flacon de glyphosate… et qu’il a fallu plusieurs années de procédure pour qu’un ancien salarié de la coopérative agroalimentaire Nutrea-Triskalia voie reconnaître par la Cour d’appel de Rennes que sa maladie liée à la présence de pesticides dans les aliments pour bétail qu’il manipulait était bien une maladie professionnelle.
Espérons que l’onde de choc de la condamnation de Monsanto se propagera bien au-delà des USA.