Algues vertes. Le décès de Thierry Morfoisse reconnu accident du travail

22 juillet 2009, bientôt 9 ans. Ce jour-là, Thierry Morfoisse transporte une fois de plus une benne d’algues vertes entre la plage de Binic (22) et la décharge de Lantic. À 13h30, il s’arrête : son cœur vient de lâcher.

Que de polémiques depuis ! Pour l’avocat de son entreprise, Thierry fumait, avait du cholestérol, avait des maux de tête, donc son décès était naturel. S’est-il seulement demandé pourquoi il avait des maux de tête ? Ne parlons pas des déclarations des services de la Préfecture des Côtes d’Armor ou du Procureur.

Que ce soit dans l’affaire Morfoisse ou dans l’affaire du joggeur d’Hillion (dont Le Peuple breton vous avait entretenu), pour les services de l’État, les algues vertes ne pouvaient pas avoir une responsabilité.

Et puis, le 14 juin 2018, quasiment 9 ans après, le tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) a rendu sa décision : « Le décès de Thierry Morfoisse est reconnu comme accident du travail. »

Laissons la parole à France-info : Pour Maître François Lafforgue, l’avocat de la famille et des associations, « c’est une bonne nouvelle et une décision satisfaisante. C’est la première fois, qu’un lien est fait entre le décès et l’exposition à des algues vertes ». C’est ainsi, précise-t-il, « le début d’une reconnaissance du problème de santé publique que représente l’exposition aux algues vertes ». L’avocat ajoute encore qu’il « faudra ensuite examiner avec la famille les suites à donner à cette décision, ça peut être une procédure complémentaire de reconnaissance de la faute inexcusable ». Ce qui pourrait relancer l’affaire sur le plan pénal.

On peut rappeler qu’en juin 2016, une ordonnance de non-lieu prononcée au niveau pénal avait mis en avant qu’il n’y avait pas de lien entre la mort et l’hydrogène sulfuré inhalé tous les jours de ramassage par Thierry Morfoisse.

Alors que peut-on espérer ? Peut-être que dans les autres affaires on reconnaîtra l’action malfaisante d’H2S ? Bien sûr, dans la cas du joggeur et a fortiori des morts d’un cheval, de chiens, de sangliers, on ne pourra pas parler d’accident du travail ! Mais cela évitera peut-être les propos du procureur adjoint de St Brieuc quand il disait qu’« un éventuel lien avec les algues vertes en putréfaction est écarté également : la présence d’algues n’a pas été constatée autour du corps de la victime. Ce qui est normal, puisque le ramassage est effectué conformément aux arrêtés préfectoraux ».

Des arrêtés préfectoraux conformes qui n’ont pas empêché en 2009 le décès de Thierry Morfoisse…

> Christian Pierre

Né en 1949, Christian PIERRE est membre de l'UDB depuis 1977. Très engagé pour la Bretagne, il est très investi aussi dans les Droits de l'Homme, comme à l'ACAT (ONG chrétienne de lutte pour l'abolition de la torture et contre la peine de mort) dont il est animateur du Groupe Quimper-Cornouaille. Il milite enfin pour les droits du peuple palestinien.