La légende veut que des moines venus d’Irlande et plus encore du Pays de galles, élevés depuis au rang des « Saints bretons », soient arrivés en Armorique à bord de bateaux en pierre. Plusieurs siècles après, la statue de Saint Piran va rejoindre la Vallée des Saints en arrivant par mer elle aussi.
Un sculpteur breton, Jean-Yves Menez, avait réussi à donner vie à cette légende en faisant voguer à l’occasion de Brest 2000 un bateau de pierre de 4 m avec 8 personnes à bord ! En ce mois de mai, un nouveau saint vient de traverser la Manche : Saint Piran. Pas en bateau de pierre, mais lui-même sous forme d’une statue de pierre. Arrivé au VIème siècle d’Irlande selon certains, du Pays de Galles selon d’autres, il n’en est pas moins le Saint Patron de la Cornouailles outre-Manche. D’ailleurs, le drapeau cornique – croix blanche sur fond noir – est aussi appelé drapeau de Saint Piran.
Saint Piran en Cornouailles, Sant Pêran en Bretagne, la statue a été sculptée à Mabe, à 5 kilomètres de Faltmouth (ville portuaire très au sud de la Cornouailles), par le Cornouaillais David Paton et le Breton Stéphane Rouget, dans un bloc de granit de 3,20 m, extrait de la carrière de Carnsew en Mabe. La statue est arrivée à Paimpol, à bord d’un ancien thonier, la Nébuleuse, et baptisée conjointement le lendemain par le curé de Paimpol et l’abbé de Saint Mawes, autre petite cité en face de Falmouth, de l’autre côté de la Fal. Clin d’œil peut-être au fait que Saint Mawes est la forme outre-Manche de Saint Maudez, et qu’il y a plusieurs chapelles Saint Maudez non loin de Paimpol.
La statue va remonter le Trieux sur la Nébuleuse, elle devrait ensuite aller en train jusqu’à Carhaix, et au moment des Vieilles Charrues, elle rejoindra Carnoët tirée par des chevaux. Elle sera alors fin juillet la 100ème statue installée dans la Vallée des Saints.
Le projet de Vallée des Saints ambitionne à terme 1000 statues de granit. Il a été lancé en 2008. Le site de Carnoët – en fait improprement appelé Vallée – a été choisi pour être créé autour d’une motte féodale donnant une vue à 360° sur tous les environs. Les premières statues installées furent logiquement les statues des 7 saints fondateurs de Bretagne, venus pour la plupart d’outre-Manche, même si Saint Corentin, qui a donné l’ancien nom de Quimper-Corentin à la capitale de la Cornouaille bretonne, était né en Armorique.
Les statues doivent mesurer environ 3 mètres et doivent être réalisées en granit ou pierre apparentée. On y trouve aussi bien des statues en granit rose venant de la côte du même nom dans le Trégor qu’en kersantite grise, pierre réputée très proche du granit, appelée le « Kersanton » et venant surtout de Loperhet et L’Hôpital-Camfrout dans le Finistère. On peut rappeler par exemple que le Kersanton a servi à l’érection de nombreux calvaires bretons comme le célèbre calvaire de Plougastel-Daoulas (complété par de la pierre ocre de Logonna-Daoulas).
Il est prévu que chaque année, une statue sera crée dans un des Pays celtiques (le Pays de Galles l’an prochain) et arrivera en Bretagne à bord d’un vieux bateau.
L’impact économique est effectif. De 40000 visiteurs en 2009, on est passé à plus de 330000 en 2017, avec plus de 40 % de visiteurs d’autres régions et 6 % d’étrangers. Les restaurants de Carnoët, de Callac ou de Carhaix en profitent. L’arrivée de Saint Piran en juillet coïncidera avec l’ouverture du bâtiment d’accueil et de restauration. Enfin, à la rentrée, une école de sculptures monumentales sera ouverte sur place.