Sauver la centrale de Cordemais ?

Le vendredi 6 avril dernier, la CNDP organisait un débat public autour des questions d’énergie à Cordemais. Pourquoi avoir choisi Cordemais ? C’est dans cette commune de bord de Loire qu’est installée la seule centrale thermique en activité en Bretagne. Après avoir fermé les deux tranches qui fonctionnaient au fioul, EDF s’est lancée dans la reconversion écologique des deux tranches restantes, celles qui fonctionnent au charbon.

Selon les responsables de la centrale, la transition énergétique doit faire partie des choix politiques actuels en matière de production électrique et les centrales thermiques sont naturellement impactées. Même si les émissions de CO2 liées à leur activité représente moins de 1 % des émissions totales en France, elles sont le symbole d’un modèle qui a conduit au réchauffement climatique.

Un manque d’anticipation ?

Depuis que le couperet est tombé – la fermeture des centrales thermiques en France à l’horizon 2022 – EDF s’est lancée à marche forcée dans la co-combustion, à l’image de ce qui a été réalisé au Royaume-Uni ou en Norvège, ou de telles reconversion de centrales existent. Ainsi, à Cordemais, une phase de test est en cours pour expérimenter un mix d’énergie pouvant à terme se substituer à la combustion du charbon. Progressivement, le site industriel devrait être reconverti via le développement de la co-combustion de charbon, de biomasse et des déchets (bois de classe B type Ikea et déchets verts) préalablement issus de circuits courts. Un prototype de densificateur est actuellement testé sur Cordemais qui doit permettre la transformation du combustible en pellets principalement issus de ressources de type ligneux ou bois de classe B. La densification de l’éco-combustible permet d’avoir un combustible à la meilleure hydrophobie, un transport et un entreposage facilités et une densité énergétique plus élevée.

La viabilité technique et économique de cette reconversion est d’une grande importance pour le bassin d’emploi de la centrale. Ce sont 1500 emplois directs et indirects qui sont menacés entre Saint-Nazaire et Nantes. C’est aussi un enjeu pour les collectivités territoriales de ce bassin d’emploi qui, en s’engageant dans le projet, pourraient valoriser leurs déchets et réduire leurs coûts de retraitement.

Dépendance à Cordemais

C’est aussi un enjeu d’approvisionnement énergétique pour l’ensemble de la Bretagne. Après les luttes victorieuses contre les projets de centrales nucléaires (Plogoff, Le Carnet…), et du fait de la trop lente montée en charge des énergies renouvelables, la Bretagne est dépendante de Cordemais en cas de forte demande électrique. La centrale de Cordemais permet aujourd’hui la mobilisation de forte puissance électrique qui garantit la stabilité du réseau.

À ce jour, la décision de fermeture de la centrale de Cordemais n’est pas inéluctable. On doit espérer que l’expérimentation en cours permettra de maintenir le site en fonctionnement comme symbole d’une volonté d’adaptation des industries pourvoyeuses d’emploi à la transition écologique.

> Pierre-Emmanuel MARAIS

Pierre-Emmanuel Marais est élu de l'UDB à la mairie de Nantes. Il y exerce la fonction de délégué à la diversité linguistique, pédagogique et culturelle et aux actions autour des écoles. Il est également auteur de plusieurs livres en français et en breton. Parmi eux, le roman "Alje 1957" qui a reçu le prix Langleiz et le prix de l'avenir de la langue bretonne.