Rencontres de l’Institut Supérieur des Langues de la République française

Photo Fulup Jakez

Vendredi et Samedi 23 et 24 mars 2018 se sont tenues les 7èmes rencontres de l’Institut Supérieur des Langues de la République française, organisées cette année par le réseau des écoles Diwan à Quimper, au campus Pêr-Jakez Helias.

Tous les deux ans, les fédérations d’écoles en langues minoritaires par immersion en France (Diwan en Bretagne, Seaska / écoles Ikastola au Pays Basque, Bressola en Catalogne nord, Calandreta en pays occitan et depuis peu ABCM-Zweisprachigkeit en Alsace) organisent ce colloque réunissant enseignants, chercheurs et curieux pour débattre des avancées sur le sujet des écoles immersives.

Cette année, avec l’anniversaire des écoles Diwan, le colloque a été placé sous le thème de « l’immersion : 40 ans d’expérience pour l’avenir de nos langues » et l’on a beaucoup parlé de Diwan, en particulier en deuxième journée.

La journée du vendredi était centrée sur le premier degré et a vu environ 200 enseignants en écoles primaires et maternelles de Diwan se rassembler pour suivre des conférences sur le bilinguisme et le développement cérébral, l’une centrée sur l’acquisition du langage chez les nouveau-nés et nourrissons par Ranka Bijeljac-Babic et l’autre sur l’histoire évolutive du cerveau en lien avec les langues par Ferran Suay, tandis que Maryvette Balcou-Debussche interrogeait les motivations des parents et des élèves dans leur choix du « système Diwan ». L’après midi était consacrée à des ateliers en lien avec la mise en place de l’immersion à école, la place des langues (y compris étrangères) ou de la littérature tandis que la journée était conclue par une table ronde qui a fait intervenir plusieurs personnes sur le thème du choix du bilinguisme en langue minoritaire, de la question de l’héritage de ces langues ou même de l’intégration de non-bascophones dans le fonctionnement des associations d’écoles dont le fonctionnement se fait essentiellement dans cette langue.

Le samedi était plus précisément consacré au second degré, avec une orientation particulière sur la fin du parcours Diwan, le Lycée et la suite avec toujours ce fil conducteur : « Que feront les élèves Diwan de la langue qu’on leur a offerte dans leur vie ? ». Après une matinée qui aura vu l’intervention de Fanny Chauffin qui a comparé le système bilingue par immersion en Bretagne et celui mis en place par la Généralité de Catalogne, Michael Horsnby a interrogé la place du nouveau locuteur dans les langues minoritaires, un problème qui concerne les élèves issus de Diwan en premier lieu, tandis que Nicole Dołowy-Rybińska montrait que Diwan était une vraie école du civisme et de l’activisme (dans son sens noble) pour ses élèves et ses parents. L’après-midi étant une nouvelle fois consacré à divers ateliers, le moment fort de la journée était sa conclusion avec cette table ronde sur le sujet « Utiliser la langue au lycée et après » qui a vu Talwyn Baudu, qui prépare une thèse sur le sujet, faire le tour des pratiques, des lycéens, actuels et anciens, de Diwan parler successivement de ce qu’ils ont vécu et de ce qu’ils vivent avec la langue, de leurs difficultés, de leurs frustrations, de leurs joies aussi, de leur rapport avec une langue dont ils ont du mal à s’approprier sur tous les domaines, car elle n’est pas forcément la langue des relations proches, tout en rappelant la nécessité d’avancer sur la place de la langue dans la société afin que leurs successeurs puissent s’approprier la langue dans tous ses domaines, ce qui nécessite, a rappelé l’un des participants, de « l’engagement politique ».

> Clyde Dlugy-Belmont

Après des études de langue bretonne, Clyde a choisi d’enseigner tout en écrivant des ouvrages de fiction et des articles en langue bretonne dans diverses publication, dont Ya ! et Pobl Vreizh.