Les délais de mise en œuvre des projets énergétiques portés par l’État centralisé sont tellement longs que leur rentabilité s’effrite à mesure que la technologie avance. À tel point que l’exécutif cherche à annuler les projets en cours, comme ceux de St Brieuc et St Nazaire. Explication du Peuple breton.
Le gouvernement a déposé ce mois-ci, en toute discrétion, un amendement visant à renégocier des contrats en cours en matière d’éolien offshore ce qui a eu comme conséquence une levée de bouclier, notamment en Bretagne qui compte deux projets, l’un à St Brieuc, l’autre à St Nazaire. L’État vient en effet de se rendre compte que les 3 GW d’éoliennes en mer (soit 3000 MW équivalent à une centrale nucléaire de 3 réacteurs) des 6 projets de l’ouest de la France vont lui coûter 40 milliards d’euros sur 20 ans à cause du tarif de rachat « négocié » à l’époque à 200 € du MWh alors qu’aujourd’hui le même MWh vaut 50 voire 40 €/MWh. Qui plus est, les éoliennes ne tourneront pas avant 2022 voire 2024.
Pour l’UDB, « le retard considérable pris par la France, alors que près de 4 200 éoliennes offshore sont d’ores et déjà déployées en Europe, illustre l’inadaptation totale d’un État centralisé pour mener à bien le développement des énergies renouvelables dans des délais acceptables. » L’État français est en effet le principal responsable de la levée de boucliers relatives aux projets éoliens offshore de l’ouest de la France pour cause de procédures réglementaires inadaptées et complexes avec des délais particulièrement longs (10 ans en moyenne quand nos voisins européens ont besoin de 5 ans) qui favorisent les recours des associations (NIMBY) hostiles. Sans parler des appels d’offres mal préparés juridiquement et mal calibrés en terme de prix en 2012 et 2014, à l’époque où l’État voulait embarquer des industriels nationaux tels que EDF, Engie ou Alstom dont le lobbying a payé. Le comble, c’est que ce ne sont pas que des consortium français qui ont gagné les 6 projets de parc éolien ! À Saint-Brieuc, c’est un espagnol (Iberdrola) qui est à la tête de la SAS Ailes Marines et à Saint Nazaire, c’est Général Electric, un américain… en lieu et place d’Alstom qu’il a racheté.
En rejetant les amendements du gouvernement, le Sénat a suivi la position des 3 présidents de Région (Bretagne administrative, Pays de la Loire et Normandie). La crainte étant qu’en renégociant les tarifs, on plombe définitivement la rentabilité des projets des industriels qui subissent déjà les avaries des recours, de l’allongement des délais et de modèles de turbines déjà datés.
On en vient à se demander comment l’État français, malgré ses grands discours et ses sommets internationaux, pourra tenir ses engagements écologiques. Et comment Emmanuel Macron pourra s’afficher encore comme le champion de l’écologie ! La façade maritime française constitue le deuxième gisement européen, mais aucune électricité ne sera produite en mer d’ici 5 ans, contrairement à ce qui tourne déjà au Royaume uni (5 GW) et en Allemagne (3,3 GW). Efficace la centralisation qu’ils disaient.