Il y a 3 ans, l’entreprise Doux sortait du marasme après un quasi-faillite puis un rachat par le groupe Terrena. Aujourd’hui, le groupe est de nouveau sur le devant de la scène car l’entreprise perd des millions d’euros et l’actionnaire menace de se retirer. Anonymement (on comprend bien pourquoi), un salarié témoigne pour Le Peuple breton.
L’État a alloué une subvention de 90 millions d’euros à Terrena après son rachat de Doux, et s’est engagé à effacer cette dette en échange du relèvement du groupe à la date échéance du 31 mars 2018. Ce dernier était régulièrement déficitaire depuis le rachat et même avant et pour cause : l’activité du groupe breton a été scindée en deux morceaux. L’activité juteuse d’un côté, à savoir la marque Père Dodu qui dégage de confortables marges et l’activité déficitaire de l’autre, à savoir l’exportation de poulets bas de gamme congelés (modèle productiviste) en Arabie Saoudite.
Aujourd’hui, le groupe Doux perd 35 millions d’euros par an. Ceci est lié à la baisse du dollar qui a impacté la compétitivité du groupe qui réalise une partie de son chiffre d’affaire au Brésil. C’est aussi lié à une volonté des clients saoudiens qui, jusqu’à présent, consommaient des poulets bas de gamme de se tourner vers des produits plus qualitatifs.
Un groupe ukrainien propose de racheter l’activité de Doux pour mettre un pied dans le marché européen. Outre qu’il présente des coûts de main d’œuvre plus faibles, ce groupe ne veut pas entendre parler du maintien du siège social à Châteaulin et ne souhaite pas garder le site vendéen de Chantonnay dont l’appareil de production est jugé obsolète et qui comprend « la bagatelle » de 150 salariés. En outre, il demande 70 millions d’euros pour remettre à niveau l’outil de production du groupe volailler breton.
Il y a fort à parier que le dossier soit entre les mains du ministère de l’Économie et des Finances actuellement voire peut-être de la Haute Autorité de la Concurrence comme cela avait été le cas à l’époque lors du rachat de Doux par le deuxième groupe coopératif français.
Entre temps, l’intégration de Doux dans Terrena a donné lieu à un redécoupage de l’activité en Business Unit et à une nouvelle organisation avec changement de nom. Les différents sites bretons notamment Languidic, la Vraie Croix, Saint Nicolas du Pelem ont suivi ce redéploiement. Terrena, au travers de sa nouvelle filiale Galliance, avait budgété environ 150 millions d’euros sur 3 ans pour moderniser l’ensemble de ces sites. Or, patatras ! Aujourd’hui, tous les investissements prévus à Languidic par exemple sont actuellement gelés.
Les sites bretons sont particulièrement inquiets à l’instar de Quimper où l’activité liée à Doux représente à elle seule à peu près 40 % de toute l’activité économique du territoire.