À quand la prochaine crise financière ?


Tous les ans, trois grandes écoles brestoises et l’UBO organisent à Brest deux jours de réflexion intitulés « Les géopolitiques de Brest ». En 2017, le thème était « Le soft power ». Les 1er et 2 février 2018 la réflexion portait sur « la crise économique mondiale 10 ans après, quel bilan ? ». Les débats se sont engagés à partir de contributions de spécialistes reconnus de l’économie et des sciences humaines et politiques. Le nombreux public était constitué d’étudiants et de citoyens soucieux d’information.

La crise de 2008 a été la conséquence du fonctionnement du système financier américain. Celui-ci fonctionnait, et continue de le faire, avec un mix d’idéologie, d’optimisme, d’incompétence, le tout appuyé sur une théorie économique fausse. La théorie est celle de la confiance absolue dans le laisser-faire théorisée par Adam Smith au XIXème siècle. C’est « la main invisible ». Les intérêts privés prédominent et l’État est réduit au rôle de « veilleur de nuit ».

Les signaux d’alarme avaient étaient nombreux dès 2005 mais l’aveuglement a empêché de les voir : « les prix de l’immobilier ne peuvent pas baisser » disaient les banquiers. Ces derniers ont caché la vérité à leurs clients et ont continué à leur vendre des produits financiers avariés. Cette conduite a accéléré la crise conduisant au résultat que l’on connaît avec une intervention financière des États en sauvetage sur fonds publics.

D’où la question centrale de la journée : « Sommes-nous mieux protégés des crises financières qu’il y a 10 ans ? ».

Le diagnostic des intervenants est pessimiste. Il y a eu certes quelques réformes mais pas assez. L’idéologie n’a pas changé, l’enseignement de l’économie non plus. La structure du secteur bancaire n’a pas changé. Elle est restée oligopolistique avec 30 banques qui comptent dans le monde dont 15 en Europe (4 en France). Ce qui est défavorable aux consommateurs et favorise ententes et fraudes.

Les réformes ont certes rendu les banques un peu plus solides en exigeant une augmentation des fonds propres. Mais le taux de 3 % est trop bas pour être efficace en cas de crise. De plus, il comprend des formules de calcul si sophistiquées que le ratio est manipulable par les banques. La surveillance des banques a aussi été réorganisée mais les allers-retours des financiers dans les autorités de régulation en diminuent fortement la crédibilité.

Pourquoi si peu de progrès dans la régulation du secteur bancaire ?

C’est le lobby bancaire qui est parvenu à faire primer l’intérêt du secteur bancaire sur l’intérêt général qui voudrait que les banques soient au service de l’économie réelle en prêtant aux PME.

Les banques déploient une rhétorique puissante qui insiste sur les effets pervers de toute régulation, leur inanité et leurs conséquences néfastes sur la croissance. Elles opèrent ce qu’un intervenant appelle « une capture intellectuelle ».

En définitive, faute de vraie régulation une prochaine crise financière est donc inéluctable.

Pour plus de renseignements, voir le site : www.lesgeopolitiques.com

> Bernard Le Bars

Bernard Le Bars est responsable de la section UDB de Brest.