Le quinquennat Hollande selon Gaspard Gantzer


Dans La politique est un sport de combat, l’éphémère candidat parachuté LREM aux dernières législatives de Rennes, l’énarque Gaspard Gantzer, livre une chronique des années Hollande à l’Élysée. Cette plongée au cœur d’une monarchie française en déliquescence est à la fois édifiante et presque effrayante.

Dans son récit, Gaspard Gantzer, chargé de communication auprès de François Hollande entre 2014 et 2017, relate au jour le jour la vie politique française (parisienne), vue de l’intérieur. Ce sont aussi les années de la chute incroyable du Parti socialiste, sa presque disparition du paysage politique alors qu’il était hégémonique en début de mandat. Le récit de Gaspard Gantzer décrit les errements du quinquennat Hollande, la montée d’Emmanuel Macron et l’ambition vénéneuse de Manuel Valls. On y apprend que ce dernier est surnommé « Rami » sous les ors de l’Elysée, pour « Ramirez », le collabo du film « Papy fait de la résistance ». Ambiance ! Le personnage de Manuel Valls semble une caricature de l’intrigant pour qui le qualificatif socialiste paraît comme une scandaleuse rouerie. Moment d’anthologie, Gaspard Gantzer note l’influence de Valls pour faire passer la déchéance de la nationalité au Congrès et la couardise de François Hollande qui se fait déborder par son va-t-en-guerre de premier ministre.

Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron sort du bois et personne ne voit rien venir. Ce quinquennat marque aussi l’échec de la gauche réformiste dans un contexte de terribles épreuves pour la démocratie. En 2015, les attentats se multiplient, la crise grecque menace l’équilibre européen. Ce sont aussi les années des chaînes d’infos et des réseaux sociaux comme interface addictive à la lecture du monde.

Finalement, que retenir ? L’absence de maîtrise des événements de la part de François Hollande et de ses conseillers ? Les trahisons successives marqueurs d’un manque d’autorité ? Sans doute les échanges entre Gaspard Gantzer et François Hollande qui paraissent parfois infantiles et édifiants, notamment concernant des prises de décisions tardives et souvent au feeling, avec au final l’abandon des idéaux de transformation sociale pour de la stratégie court-termiste et de l’entre-soi.

Le récit de Gaspard Gantzer est la marque d’un entre-soi, les camarades de promos de l’ENA et le réseau qu’il constitue, du microcosme parisien comme un symbole de la reproduction des élites. Ils sont déjà tous là : Emmanuel Macron, Benjamin Griveaux, Edouard Philippe, sans compter ceux qu’on ne connaît pas mais dont les noms sonnent comme autant d’éminences grises pullulant dans les arcanes du pouvoir jacobin. La victoire d’Emmanuel macron apparaît enfin comme une apothéose, la communication de la Présidence cherchant à expliquer que cette victoire aurait presque été celle de François Hollande et de ses idées : « maintenant il reste tout à faire pour qu’Emmanuel (Macron) gagne largement et que sa victoire soit aussi celle du président. »

« La politique est un sport de combat » Gaspard Gantzer. Editions Fayard 2017. 373 p. 

> Pierre-Emmanuel MARAIS

Pierre-Emmanuel Marais est élu de l'UDB à la mairie de Nantes. Il y exerce la fonction de délégué à la diversité linguistique, pédagogique et culturelle et aux actions autour des écoles. Il est également auteur de plusieurs livres en français et en breton. Parmi eux, le roman "Alje 1957" qui a reçu le prix Langleiz et le prix de l'avenir de la langue bretonne.