Dans le cadre du festival Cirkonvolution d’hiver, le Mac-Orlan présente une exposition intitulée « On l’appelait Chocolat ». Cette exposition de Gérard Noiriel nous emmène sur les traces d’un homme sans état-civil, né en esclavage, devenu le « clown-Chocolat », affublé d’un surnom humiliant, et mort dans la misère après une étonnante carrière d’artiste…
L’exposition aborde la question des discriminations et du combat pour la dignité. Anne-Marie Kervern, ajointe au maire UDB, a accueilli jeudi 14 décembre à Brest, l’historien Gérard Noiriel, également auteur de la biographie de Rafael Padilla dit le « clown Chocolat », pour une visite guidée de son exposition.
L’histoire (romancée) de ce « clown-chocolat » a fait l’objet d’un film de Roschdy Zem, avec Omar Sy, qui a attiré un sentiment de sympathie immense. Mais pour Anne-Marie Kervern, « ce film est une fiction qui a pris des libertés avec la réalité. Certes, à travers les préjugés de « La belle époque », il évoque en creux les préjugés d’aujourd’hui. Mais cela ne suffit pas à montrer comment se construisent les discriminations, cela ne suffit pas à montrer le chemin pour les déconstruire ». Premier artiste noir de la scène française, dans le contexte politique et artistique de l’expansion coloniale, Rafael Padilla chercha, à travers l’expression artistique, une voie d’émancipation, et il le paya cher.
L’exposition s’inscrit dans une démarche municipale de lutte contre les discriminations, « en particulier les discriminations racistes qui sont, comme le dit Saïd Bouamama « une arme de division massive » », précise Anne-Marie Kervern. Brest est en effet l’une des rares villes de France à avoir donné à une rue un nom d’esclave révolté, Jean Mor, pendu, brûlé et privé de sépulture le 29 mai 1764, à Brest.
Pour l’adjointe UDB, « ce dont nous avons besoin, c’est d’une grille de lecture des relations dominants-dominés (que ces dominations soient raciales, de genre ou de classe, liées au handicap, à l’orientation sexuelle ou à de multiples vulnérabilités), et une grille de lecture des luttes sociales qui en découlent. Gérard Noiriel est allé à la recherche de la vérité et c’est par la recherche de la vérité que nous prenons conscience de l’écart entre le principe d’égalité au fondement de la République, et les faits en contradiction avec les principes. C’est par la recherche de la vérité qu’on changera, non les mentalités, mais la règle du jeu ».
L’élue UDB a conclu son intervention en rappelant que le rôle des élu.e.s n’est pas de se repentir, mais de corriger les dispositions qui reproduisent les exclusions. « Il y a des jours (…) où, puisque nous sommes à quelques pas de l’avenue Aimé Césaire, on a envie de répondre par le mot d’Aimé Césaire : « Madame, le nègre vous emmerde ! »