La Nouvelle-Zélande restreint l’achat de maison aux non-résidents

Bernard Spragg. NZ from Christchurch, New Zealand, CC0, via Wikimedia Commons

Alors que les nationalistes corses ont fait du « statut de résident » un des éléments de négociation avec l’État, la Nouvelle-Zélande vient d’affirmer un principe similaire pour faire face à la crise du logement.

La pression foncière est un phénomène assez courant. Elle concerne les villes à fort dynamisme économique, mais aussi celles qui sont concernées par le tourisme dans des conditions plus dramatiques encore car les salaires ne suivent pas la hausse de l’immobilier ce qui conduit à une exclusion des populations résidentes, jeunes en premier lieu. La Bretagne est particulièrement concernée par cette spoliation et, sans pouvoir législatif, n’est pas en mesure d’y faire face sérieusement. Le Peuple breton avait d’ailleurs débuté une réflexion sur le sujet en juillet 2016, suite à une étude réalisée par ses soins et ceux du journal Arritti pour le Centre Maurits Coppieters.

En Corse, depuis plusieurs années, l’exécutif territorial réclame à l’État le droit de mettre en place son « statut de résident », un statut qui, pour résumer, conditionne l’achat d’une résidence au fait d’y habiter à l’année. Jusqu’à ce jour, l’État a bien sûr refusé ce principe pourtant voté par l’Assemblée de Corse.

En Nouvelle-Zélande, il faudra désormais détenir un visa résidentiel pour prétendre acheter une maison existante. À partir de l’année prochaine, les promoteurs et particuliers devront donc construire de nouvelles maisons s’ils veulent pouvoir en acheter une ! La Nouvelle-Zélande fait en effet face à un taux de sans-domicile parmi les plus haut du monde. Le journal l’Independent explique que le prix du foncier « a augmenté de 57 % ces dix dernières années, à mesure que le pays est devenu une destination attractive pour les super-riches et pour les investisseurs Chinois. Environ 40000 personnes en Nouvelle-Zélande, soit 1 % de la population, vivent dans les rues ou dans des conditions d’urgence, selon une étude de l’université de Yale parue en juillet ».

En faisant porter l’effort de construction sur le particulier étranger, les autorités néo-zélandaise augmentent de fait le ticket d’entrée sur l’île et favorisent les résidents à l’année. C’est justement ce principe civique que réclame l’équipe de Gilles Simeoni en Corse, de même que l’Union démocratique bretonne pour la Bretagne. De son côté, l’État français campe sur la Constitution qui sacralise la propriété et empêche donc toute restriction de la sorte, fut-elle juste et socialement utile.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]