Né en 1991, Camille Leboulanger est un très jeune auteur. Et pourtant, il compte déjà à son actif une nouvelle (78 ans) publiée chez La Volte, un roman (Enfin la nuit) publié aux éditions nantaises l’Atalante et un autre roman aux éditions rennaises Critic (Bertram le baladin). Le Peuple breton a voulu en savoir plus sur cet auteur qui a posé ses valises en Bretagne…
Le Peuple breton : Être publié chez L’Atalante, l’une des références en matière de littérature de l’imaginaire, à 20 ans, c’est plutôt flatteur…
Camille Leboulanger : À vrai dire, à l’époque de l’écriture de mon premier roman, je n’avais qu’une idée assez vague de qui était l’Atalante. Je connaissais la librairie car j’habitais alors à Nantes et je savais qu’ils étaient aussi éditeurs, mais d’assez loin. J’y ai donc posé un manuscrit, un peu « pour voir » et j’ai été le premier surpris quand mon téléphone a sonné quelques mois plus tard. Ce n’est qu’une fois dedans que j’ai appris l’histoire, la réputation de cet éditeur et aussi le caractère exceptionnel de publier un premier roman à mon âge.
Le Peuple breton : Dans votre dernier roman, que nous avons lu, il est question d’un monde dans lequel le papier a disparu et où l’Histoire se raconte en musique. Pourquoi cette idée ?
Camille Leboulanger : Tout est venu du personnage, Bertram le baladin. Je voulais raconter l’histoire d’un musicien ambulant, allant de villes en villages et amenant avec lui ses chansons, faites d’anecdotes, de ragots, mais aussi d’informations : événements historiques, morts et naissances… De là, la question de la raison de l’existence d’une telle tradition orale : tout simplement parce que le papier n’existe pas ! C’était un parfait prétexte à un personnage qui ne perçoit, ne lit et ne comprend le monde qui l’entoure qu’en terme de musique et de chansons.
Le Peuple breton : Le héros, Bertram, rencontre une femme qui se fait appeler « Sans nom ». Et autour du personnage principal règne un mystère également. La quête d’identité est un sujet qui t’inspire ?
Camille Leboulanger : Je voulais que chaque personnage secondaire du roman soit un reflet de Bertram. Tout l’enjeu de « Sans-nom », ce sont les histoires qu’on se raconte – qu’on se chante en l’occurrence – pour construire qui on est et aussi, le pouvoir que l’on prête à la parole de l’autre. Si elle rejoint Bertram, c’est pour qu’avec sa voix de Musicien, écouté et détenteur de la vérité, il lui donne un nouveau nom qu’elle ne peut pas – ne veut pas – s’attribuer d’elle-même. Pour que son identité existe, il faut que le reste du monde y croit. Un nom, une identité, sont après tout des choses publiques.